
Goliath ne gagne pas toujours. La province du Jeolla du Nord a obtenu les faveurs du sport sud-coréen dans un vote l’opposant à la capitale, Séoul, pour candidater à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques en 2036. Elle portera donc la responsabilité de ramener les Jeux d’été dans la péninsule, quarante-huit ans après Séoul 1988. Une sacrée surprise. Le gouverneur de la province, Kim Kwan-young, était extatique devant la presse à l’issue du scrutin. « Nous avons réussi un miracle », a-t-il lancé, tout sourire. Mais comment ?
L’exemple australien
Le vote, organisé par le Comité olympique et sportif coréen (KSOC), a donné lieu à un plébiscite. Le Jeolla du Nord a recueilli 49 voix, contre 11 pour Séoul. La capitale partait pourtant favorite avec ses infrastructures sportives, son réseau de transport et sa dimension internationale. Les arguments du Petit Poucet ont cependant fait mouche. « Aujourd’hui, 88,5 % des événements sportifs en Corée du Sud se déroulent en dehors de la métropole de Séoul », soulignait le gouverneur, faisant ainsi comprendre que le reste du pays pouvait prétendre à l’investiture. Cet automne, l’élu estimait d’ailleurs que « les capacités actuelles de la province du Jeolla du Nord sont beaucoup plus grandes que celles de Séoul en 1988 ».
« L’Australie a obtenu trois fois les Jeux dans trois villes différentes, Melbourne, Sydney et Brisbane. Cela a été fait pour assurer une croissance équilibrée du pays », a-t-il ajouté pour pointer l’apport qu’auraient les Jeux pour le développement de la province. Le Jeolla du Nord a présenté un projet reposant sur plusieurs villes pour limiter les coûts et coller aux exigences de sobriété économique et environnementale : la province enverrait les compétitions d’athlétisme à Daegu, le tir à l’arc et la natation à Gwangju, la gymnastique à Cheongju, le tennis au comté de Hongseong et le surf au comté de Goheung. Ses représentants ont affiché leur volonté de porter un projet vertueux, pour donner naissance à des JOP historiquement respectueux de l’environnement. Une stratégie ambitieuse, à laquelle Séoul ne croyait pas. « Nous pensons que l’approche écologique proposée par la province ne correspond pas à l’ampleur et aux exigences des Jeux olympiques », confiait un élu de la métropole au Korea Times il y a quelques semaines. Raté.
La Turquie, l’Inde ou l’Arabie saoudite comme rivaux
Le Jeolla du Nord doit maintenant obtenir l’approbation du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. Une fois cette étape franchie, la campagne pourra officiellement commencer. « La véritable course démarre maintenant, nous allons nous lancer dans un voyage qui nous mènera à la victoire. Si nous nous serrons les coudes, nous réussirons », assure le gouverneur Kim Kwan-young. Le KSOC a promis d’offrir « tout son soutien » à la province au cours du processus. La concurrence sera rude puisque la Turquie, le Chili, l’Inde, l’Indonésie, l’Égypte, la Hongrie ou encore l’Arabie saoudite sont attendus dans la mêlée.
Si la notoriété et le savoir-faire sportif du Jeolla du Nord ne sont pas encore établis à l’international, la Corée du Sud est habituée à accueillir des événements internationaux : la Coupe du monde de football 2002 avec le Japon, les Championnats du monde d’athlétisme 2011 à Daegu, les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver 2018, les Mondiaux de natation 2019 à Gwangju. les Jeux olympiques de la jeunesse d’hiver en 2024 dans le Gangwon, etc. Cette année, le pays organisera notamment les Championnats du monde de tir à l’arc, à Gwangju (5-12 septembre), et les Championnats du monde d’escalade, à Séoul (21-28 septembre). Il a aussi déclaré son ambition d’organiser la Coupe d’Asie de football 2031. Des étapes vers un retour des Jeux dans la péninsule, qui ferait de la Corée du Sud le septième pays à organiser deux éditions des JOP d’été.