— Publié le 27 mars 2025

Kirsty Coventry, la brèche tant attendue par la Russie ?

Institutions Focus

Le Comité international olympique changera officiellement de président le 23 juin. Après douze années de bons et loyaux services, Thomas Bach transmettra le flambeau à Kirsty Coventry. L’action de l’Allemand, neuvième président de l’histoire de l’institution, a été largement saluée au cours des derniers mois. La Russie, en revanche, ne pleurera pas son départ. Reléguée sur le banc de touche depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, elle a multiplié les critiques à l’égard de Thomas Bach. Et voit, avec l’arrivée de Kirsty Coventry, l’espoir d’ouvrir une nouvelle page.

Poutine met la pression

Moscou aurait peut-être préféré que l’élection couronne Juan Antonio Samaranch Jr, qui a promis de réintégrer la Russie « à la minute » où elle reviendrait dans le cadre défini par le CIO. Les Russes se satisferont néanmoins de voir un nouveau visage à Lausanne. Vladimir Poutine n’a pas tardé à communiquer pour féliciter la Zimbabwéenne. « Les résultats du vote témoignent de votre haute autorité dans le monde du sport et de la reconnaissance de vos remarquables réalisations personnelles. Je suis convaincu que votre expérience unique et votre intérêt pour la promotion réelle des nobles idéaux olympiques contribueront à votre succès dans cette fonction avec autant de responsabilités », a écrit le président russe, quelques heures après l’élection. L’accent mis sur les idéaux olympiques – et, entre les lignes, sur le principe de réunir toutes les nations – n’est sans doute pas anodin…

Son ministre des Sports, Mikhail Degtyarev, a lui aussi mis la pression sur la future leader du CIO. Saluant sa brillante carrière sportive, ses victoires olympiques, ses records et ses contributions au développement du sport, il a surtout fait part de ses attentes, à savoir « que le mouvement olympique devienne plus fort, plus indépendant et plus prospère, et que la Russie revienne sur le podium olympique ». Il en a remis une couche sur la chaîne de télévision Rossiya-24. « Je suis prêt à décoller pour Lausanne à tout moment. Je suis certain que nous aurons un rendez-vous dans les semaines à venir », a-t-il ainsi déclaré.

Le compte à rebours de Milan-Cortina

L’épineux sujet russe s’est rapidement imposé à Kirsty Coventry, qui a laissé la porte ouverte, exprimant son souhait de discuter de cette question de manière collective. « Je suis opposée au bannissement des pays, mais je pense qu’il faut tenir compte de chaque situation, a-t-elle répondu sur Sky News. Ce que j’aimerais faire, c’est mettre en place un groupe de travail qui s’efforcerait de définir des politiques et un cadre que le mouvement pourrait utiliser pour prendre des décisions lorsqu’il est confronté à des conflits. Comment allons-nous protéger et soutenir les athlètes ? Comment allons-nous faire en sorte que tous les athlètes aient la possibilité de venir aux Jeux olympiques ? » En ajoutant qu’au bout du compte, « il est préférable pour notre mouvement de veiller à ce que tous les athlètes soient représentés ».

La future présidente du CIO devra se mouiller sans trop tarder. Le CIO doit encore se positionner sur la participation des Russes et Biélorusses aux prochains Jeux d’hiver, qui débutent dans maintenant dix mois. Elle ne deviendra officiellement présidente qu’au mois de juin, mais Thomas Bach a assuré que Coventry sera associée à toutes les décisions majeures d’ici là, et que son avis prévaudra en cas de divergences. La décision du CIO sera donc inévitablement approuvée par sa future présidente. La Fédération internationale de hockey sur glace se fait pressante puisqu’elle attend que le dossier soit tranché en avril pour déterminer si les équipes russes feront partie du tournoi, ou si d’autres équipes seront repêchées. L’horloge tourne et Kirsty Coventry devra vite montrer sa capacité à prendre ses responsabilités.