Deux poids, deux mesures. Asafa Powell, l’ancien recordman du monde du 100 m, a été suspendu 18 mois de toutes compétitions pour avoir été contrôlé positif en juin dernier à un stimulant. Tyson Gay, le deuxième homme le plus rapide de l’histoire sur 100 m, a vu sa suspension réduite à 12 mois. L’Américain avait pourtant été convaincu de dopage à un stéroïde anabolisant.
Un an pour un dopage aux stéroïdes, six mois de plus pour un test positif à un stimulant. Difficile de comprendre. L’explication tient pourtant en un seul mot: coopération. Tyson Gay vient de voir sa peine réduite à seulement douze mois car il a accepté de coopérer avec l’agence américaine antidopage (Usada). Il a donné des noms, fourni des explications, lâché des révélations. Selon certaines sources, il aurait « balancé » l’identité d’athlètes et de coachs dans plusieurs sports. En clair, il a monnayé ses aveux, comme le prévoient les textes.
La méthode peut prêter au débat. Pour l’agence mondiale antidopage (AMA), elle doit pourtant être poursuivie. Et même intensifiée. Selon son nouveau code, censé entré en vigueur en janvier 2015, un athlète convaincu de dopage pourra voir sa peine réduite à néant s’il accepte de coopérer avec son agence nationale ou avec l’AMA dans la lutte contre le dopage. Mieux: le tricheur en question pourra conserver l’anonymat en échange d’informations susceptibles de faire tomber un réseau, ou de mettre la main sur un gros poisson. Il pourra même garder ses primes remportées dans les compétitions.
Il n’est pas difficile de comprendre la volonté de l’AMA. Les tricheurs ayant toujours au moins un produit d’avance sur les contrôles, vouloir gagner la guerre du dopage dans le sport exige sans doute plus de maîtriser les circuits et les réseaux que de faire progresser les tests antidopage. L’AMA espère changer les mentalités, en profondeur. Elle anticipe que son nouveau code lui permette d’avoir enfin accès à ce dont elle a longtemps manqué: l’information.
Mais, comme le pointe un article du Guardian, il existera toujours un monde entre un Tyson Gay amnistié pour avoir eu la possibilité de donner des noms, et un athlète anonyme d’un petit pays n’ayant rien à échanger pour conserver son gagne-pays. Selon le nouveau code de l’AMA, le premier des deux pourrait voir son cas tenu secret. Il pourrait même continuer sa carrière sans avoir à mettre le frein. Le second, lui, risquerait une peine de deux ans, pour n’avoir simplement pas la moindre information à donner. Deux poids, deux mesures.