La France n’est pas encore officiellement candidate aux Jeux d’été de 2024. Elle le sera peut-être en fin d’année. Ou peut-être pas. Mais une chose est sûre: le sport français s’y prépare. A l’initiative du CNOSF et du CFSI (Comité français du sport international), une vingtaine de dirigeants, cadres techniques et anciens sportifs ont été formés, entre décembre et mai, à investir le mouvement sportif international. Ou, pour les plus aguerris d’entre eux, à y gagner en influence. Nom de code de cette opération, menée avec une certaine discrétion par Bernard Lapasset, le patron du CFSI, et son second Michaël Aloïsio: « Parcours ambition internationale ».
Cette « task force » du sport français, formée d’environ vingt personnes, a été constituée après un appel à candidatures vers les fédérations françaises. Selon Michaël Aloïsio, les postulants ont été « environ quatre fois plus nombreux » que les places disponibles. Elle a été réunie pour un premier séminaire de deux jours en décembre 2013. Trois autres ont suivi. Le dernier de la liste a bouclé l’opération mercredi 14 et jeudi 15 mai 2014.
Des noms? Isabelle Lamour, la présidente de la Fédération française d’escrime, Roger Piarulli et Richard Remaud, ses homologues du taekwondo et du badminton, Emmanuelle Assmann, la présidente du Comité paralympique et sportif français, Cyrille Boulongne-Evtouchenko, le DTN du volley-ball, Michel Huet, le Secrétaire général adjoint de la Fédération internationale de judo, mais également trois anciens médaillés olympiques, Marie-José Pérec, Jean-Philippe Gatien et Edgar Grospiron.
La formation en question a tourné autour de trois thèmes: expliquer l’environnement sportif international, structurer une démarche vers l’étranger et s’initier aux règles et aux finesses du lobbying et de la communication planétaires. Pour cela, Bernard Lapasset et Michaël Aloïsio ont ratissé large au moment de lister les intervenants. Citons, en vrac, le Suisse Denis Oswald, membre historique du CIO et futur ex président de la FISA, le Français Jean-Christophe Rolland, son successeur à la tête de l’aviron mondial, mais aussi des représentants du monde économique (GDF Suez, Vinci…) et, surtout, une brochette de spécialistes du lobbying olympique: John Tibbs pour l’agence JTA, Terrence Burns pour Teneo, Mike Lee pour Vero communications et Nick Varley pour Seven46.
Les « séminaristes » français ont écouté, noté et retenu les leçons. Michel Huet raconte: « Les interventions extérieures nous ont poussés à une remise en question de notre stratégie internationale. Je retiens notamment le discours de Terrence Burns qui nous a dit de cesser de nous parler à nous-mêmes. « Vous n’êtes pas la cible », a-t-il insisté. Il a également été souvent question de notre erreur de citer éternellement Coubertin dans tous nos propos olympiques. Nous devons nous tourner vers l’avenir, en arrêtant une bonne fois pour toutes de mettre en avant les anniversaires du passé. »
Candidature olympique ou pas, le « parcours ambition internationale » a vocation à s’inscrire dans la durée. Un deuxième groupe de « poissons-pilotes » sera formé l’an prochain, puis un troisième l’année suivante.