Le retrait de Saint-Moritz de la course aux Jeux d’hiver de 2022 n’a pas étouffé toutes les ambitions olympiques de la Suisse. Lausanne siège du CIO et de nombreuses fédérations internationales, postule à l’organisation des Jeux de la Jeunesse d’hiver 2020. Un événement pour lequel le dossier helvétique est en concurrence avec la ville roumaine de Brasov, dans les Carpates. Patrick Baumann, le président de Lausanne 2020, également membre du CIO et secrétaire général de la FIBA (au centre de la photo), a répondu à Nankin aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Quel a été le point de départ de la candidature de Lausanne pour les Jeux olympiques de la Jeunesse d’hiver en 2020?
Patrick Baumann: Il existe à Lausanne une envie historique de recevoir les Jeux. La ville avait été candidate pour les JO d’été de 1960, où elle avait été devancée par Rome. Les plus anciens en conservent encore une certaine amertume. Lausanne est également la capitale de l’olympisme, pour les relations internationales, l’administration… Mais elle n’a jamais été la capitale sportive. Elle souhaite aujourd’hui offrir un grand événement sportif marqué des anneaux olympiques.
Cette candidature n’est-elle pas née sur les cendres du dossier de Saint-Moritz 2022, renvoyé aux oubliettes après le non du référendum en mars 2013?
Non. L’idée d’une candidature de Lausanne pour les JOJ d’hiver 2020 était antérieure au retrait de Saint-Moritz. Une étude de faisabilité avait été menée dès l’année 2010. Mais il est clair que les deux dossiers étaient incompatibles. Lausanne n’aurait pas pu se lancer dans la course si Saint-Moritz avait postulé aux Jeux d’hiver.
Est-ce une forme de consolation, pour les Suisses, après avoir renoncé à une candidature pour les Jeux d’hiver de 2022?
Non plus. Lausanne et le canton de Vaud ne se lancent pas dans cette bataille par dépit. Il existe dans cette partie de la Suisse une vraie et grande ambition olympique. J’en veux pour preuve le fait que le budget des JOJ d’hiver de 2020 a été voté dans le canton de Vaud à une quasi unanimité. Pour le Comité olympique suisse, la candidature de Lausanne pour les Jeux de la Jeunesse peut aussi démontrer que la Suisse peut et pourra se représenter un jour à des Jeux olympiques.
Une candidature olympique se doit aujourd’hui d’avoir une « vision » pour les Jeux. Quelle est celle du projet Lausanne 2020?
Notre candidature est motivée par l’envie de diffuser les valeurs de l’olympisme vers la jeunesse du monde entier depuis l’endroit même où ces valeurs sont promues et développées. Lausanne est une ville jeune, une place universitaire très forte, tournée vers l’innovation. Sa population est culturellement et historiquement très attachée aux sports d’hiver. Les Jeux olympiques de la Jeunesse d’hiver, à Lausanne, pourraient marier le sport, l’éducation et l’innovation.
Quel serait le budget des Jeux?
Le budget opérationnel a été arrêté à 42 millions de dollars valeur 2020. Ce budget est garanti, il a été voté par les pouvoirs publics.
Dans votre dossier de candidature, certains sports seraient disputés en France, notamment le saut à ski. N’est-ce pas un choix risqué?
C’est surtout le choix de la raison. Le tremplin de saut le plus proche de Lausanne se situe en France, dans le Jura. Présenter cette option n’est, à mes yeux, ni une force ni une faiblesse de notre candidature, mais un choix pragmatique. Aujourd’hui, passer de la France à la Suisse, ou vice versa, se fait de façon très naturelle. On ne voit même plus la frontière.
Lausanne héberge le CIO et une grande partie des fédérations internationales. Autant dire que vous pouvez croiser les votants dans les rues de la ville. Est-ce un atout ou un handicap?
Difficile à dire. D’un côté, nous n’avons pas besoin de présenter Lausanne et son environnement aux membres du CIO. Mais, de l’autre, nous n’avons pas l’atout de la découverte. La bataille avec Brasov s’annonce passionnante et ouverte, comme un match de basket. Deux équipes face à face. La meilleure gagnera.
