Jean-Christophe Rolland, champion olympique en 2000 à Sydney, a vécu à Amsterdam ses premiers championnats du monde comme président de la Fédération internationale d’aviron (FISA). Douze mois presque jour pour jour après avoir été choisi pour succéder au Suisse Denis Oswald. Il a répondu, aux Pays-Bas, aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Comment avez-vous vécu vos premiers championnats du monde dans le costume de président de la FISA?
Jean-Christophe Rolland: Je les ai vécus de façon très intense. Il faut beaucoup donner, mais je suis encore dans une phase où je dois apprendre. Président, ça ne se décrète pas.
Comment avez-vous occupé vos 12 premiers mois à la tête de l’aviron mondial? Quelles ont été vos priorités?
Il faut distinguer deux choses: le travail au sein de l’aviron, et celui en dehors. Dans le premier, j’ai surtout chercher à aller plus en profondeur dans les dossiers, à rencontrer les présidents de fédération, à créer du relationnel au niveau politique. J’ai profité de toutes les opportunités de déplacement pour entrer en contact avec nos pays membres. En dehors de l’aviron, j’ai essayé de connecter au maximum notre sport avec le reste du mouvement sportif, pour le défendre et lui donner du poids. J’ai été un peu partout, à SportAccord, aux réunions de l’ASOIF, à la session du CIO à Sotchi… Je devais rencontrer les gens, me faire connaître. Ma démarche est en train de suivre son cours de façon sereine et cadrée. J’avance.
L’agenda 2020 initié par Thomas Bach, le président du CIO, souhaite modifier le programme olympique. L’aviron est-il menacé?
Pour avoir travaillé dans l’industrie nucléaire, je sais que le plus grand risque est de penser qu’il n’y a pas de risques. Aujourd’hui, on ne peut plus compter sur nos seules valeurs dans le contexte du sport international. Il existe actuellement une pression légitime d’autres sports à entrer dans les Jeux. Avec 550 rameurs, l’aviron est le 3ème sport olympique en nombre de participants. Nous sommes donc une cible. Nous ne devons pas attendre, mais anticiper et avoir une stratégie. Il ne faut pas réagir avec le couteau sous la gorge.
Comment réagir?
Nous avons mené une étude poussée des Jeux de Londres en 2012. Elle a permis de mettre le doigt sur deux faiblesses: l’universalité et la mixité. Nous devons augmenter le nombre de pays qui pratiquent l’avion. Sur une carte du monde, il nous manque deux zones géographiques: les Caraïbes et l’Océanie. Deux régions où nous pouvons connecter plus de rameurs grâce, notamment, à l’aviron de mer. Quant à la parité hommes/femmes, elle peut être atteinte en sensibilisant les fédérations nationales. Nous devons passer un cap dans la féminisation de l’aviron mondial.
Comment comptez-vous améliorer le « produit » aviron, le rendre plus attractif et plus spectaculaire?
Nous y travaillons déjà beaucoup, avec la volonté de mieux servir les spectateurs, les téléspectateurs, les partenaires et les médias. A Amsterdam, par exemple, le public des championnats du monde a pu profiter d’un fanzone, de grands écrans, d’animations, d’un village des partenaires… Pour la télévision, nous avons augmenté la qualité de la production des images en travaillant avec des spécialistes, toujours les mêmes. Nous avons investi dans la présentation des courses, en faisant appel à des professionnels pour les commentaires et la présentation des cérémonies de remise des médailles. Nous développons aussi de nouvelles épreuves, les City Sprints, organisées au coeur des grandes villes. Mon leitmotiv, depuis mon élection, est d’accroître notre communauté pour avoir plus de poids. C’est pour cela que nous allons arriver aux Jeux Mondiaux et que nous discutons pour faire partie des Beach Games et des Urban Games.
Plusieurs fédérations internationales ont manifesté leur inquiétude sur l’avancement des travaux à Rio avant les Jeux. Comment se présente la préparation du site d’aviron?
Nous bénéficierons à Rio du plus bel emplacement qu’on puisse espérer aux Jeux. Nous sommes sereins. L’aviron n’est pas le sport qui a le plus de souci à se faire. Mais il n’y a pas de temps à perdre. Le test-event est prévu dans un an, nous devons avancer sur plusieurs dossiers, dont la tour d’arrivée et la capacité d’accueil des spectateurs, car les tribunes seront flottantes. Je ne suis pas inquiet, mais nous restons vigilants.
Vous dirigez l’un des groupes de travail de l’étude d’opportunité actuellement menée par le mouvement sportif français sur une candidature de Paris au Jeux d’été de 2024. Sera-t-elle favorable?
Il est encore tôt pour le dire, mais les choses avancent dans le bon sens. Cette étude est très enrichissante. Dans mon groupe de travail, consacré aux médias et aux partenaires, nous avons eu des séances très fructueuses. Le sport français possède une certaine expérience, il serait peut-être temps de s’en servir.