L’événement est de taille. Michel Platini, charismatique président de l’UEFA, dirigeant reconnu et personnage consensuel, s’est fait un ennemi. Au moins temporaire. Son nom: Alain Juppé. Le quotidien Sud-Ouest rapporte dans son édition du lundi 15 septembre les détails d’une rencontre qui a tourné à l’aigre, la semaine passée à Paris. Une rencontre sur fond d’Euro 2016 où le patron de l’UEFA et le maire de Bordeaux ont affiché leurs différends.
La scène se passe à l’Eysée, jeudi 11 septembre. François Hollande y a convié Michel Platini, Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football, Didier Deschamps, le sélectionneur des Bleus, mais aussi plusieurs maires de villes où se dérouleront les rencontres de l’Euro 2016 en France. Alain Juppé est de la partie, tout comme Martine Aubry, maire de Lille.
La discussion se dirige rapidement vers l’organisation du tournoi européen. Michel Platini en explique le déroulé, d’un point de vue de l’UEFA. Puis, détour quasi obligatoire lorsqu’il est question de football, l’ancien numéro 10 parle d’argent. Il énonce un chiffre, mirobolant: 900 millions d’euros. Le bénéfice présumé de l’Euro 2016. L’héritage de l’événement.
Autour de la table, les yeux s’arrondissent. Alain Juppé s’adresse à Michel Platini pour l’interroger sur la destination de cette somme, avec une question légitime: combien en reviendra aux villes hôtes de l’Euro. Réponse du président de l’UEFA: rien, ou presque. Un modeste défraiement pour la location des stades. Silence dans l’assistance. Embarras des témoins.
Selon Sud-Ouest, le visage d’Alain Juppé se serait crispé. « Ca ne s’est pas très bien passé », a reconnu le maire de Bordeaux à sa sortie de la rencontre, avouant un climat « tendu ».
L’histoire ne s’arrête pas là. Elle connaîtra bientôt une suite, sur un terrain plus à l’avantage de l’ancien Premier ministre. Une réunion du comité de pilotage du Club des sites, où sont rassemblés les élus des villes hôtes du tournoi, doit se tenir le 23 octobre 2014 à… Bordeaux. Sur les terres d’Alain Juppé. L’UEFA en sera, sans doute en la personne de son président. La question des profits de l’Euro 2016 sera évoquée. Elle pourrait même dominer les discussions.
Le maire de Bordeaux l’a déjà annoncé: il pèsera de tout son poids pour obtenir, pour sa ville et pour les autres, une part moins misérable du gâteau. Le quotidien régional rappelle que la construction du nouveau stade de Bordeaux avait été décidée, en 2008, dans la perspective de l’Euro 2016. Sa facture a atteint 185 millions d’euros. La ville en paye actuellement un loyer annuel de 6,5 millions d’euros à un binôme d’entreprises d’exploitation formé de Fayat et Vinci. Pas question, donc, de laisser le butin de l’Euro filer tout entier dans les caisses de l’UEFA.