Le temps de la neutralité est bientôt terminé pour les nombreuses institutions sportives installées en Suisse. Et, avec lui, celui de la tranquillité. Longtemps aussi discrète qu’un soleil de fin d’automne, la justice helvétique se dit prête à mettre désormais son nez dans les affaires, et plus encore dans les comptes, des fédérations internationales logées à Lausanne, Zurich et jusque dans les coins les plus reculés du Valais. Une révolution en perspective, révélée par un article paru sur le version internet de l’hebdomadaire français Le Point.
FIFA, UEFA, CIO, UCI, FIVB, FIS, AIBA, FISA… Elle sont une petite trentaine d’organisations à avoir élu domicile en Suisse, souvent depuis plusieurs décennies. Pour raisons fiscales, en premier lieu, mais pas seulement. En vertu du droit pénal helvétique, la justice ne peut pas entamer des poursuites pour des soupçons de corruption privée. Une particularité qui assure aux institutions sportives, fédérations internationales en tête, une rassurante tranquillité. Personne ne viendra renifler de près leurs comptes. Trop cool.
Mais les choses pourraient changer. Et sans tarder. Selon Lepoint.fr, le Conseil fédéral helvétique aurait décidé que « la corruption privée sera poursuivie et réprimée d’office, même dans le cas où elle n’entraîne pas de distorsions concurrentielles. » Une décision censée viser en premier lieu les « nombreuses fédérations sportives internationales qui ont leur siège en Suisse et dont les décisions ont été discréditées, à plusieurs reprises, par des scandales de corruption ». Une révolution pénale défendue par Simonetta Sommaruga, la ministre socialiste de la Justice et de la Police.
Le correspondant à Genève de l’hebdomadaire explique que cette offensive des autorités suisses ferait l’unanimité au sein du gouvernement, rassemblant les ministres socialistes, ceux de droite et même d’extrême-droite. Un consensus suffisant pour changer rapidement les paroles en actes. Et donner à la justice suisse les moyens de ses ambitions.
La raison de tout cela? Une question d’image. Gian-Franco Kasper, le président de la Fédération internationale de ski, l’expliquait récemment à FrancsJeux: « En Suisse, les gens associent encore le CIO et la FIFA à la corruption ». Les récentes accusations de corruption lors de l’attribution du Mondial de football en 2018 à la Russie et en 2022 au Qatar ont encore forcé le trait. La FIFA se trouve dans l’oeil du cyclone, d’autant que son président, Sepp Blatter, est lui-même citoyen suisse. Un personnage, des institutions et des affaires qui détériorent depuis trop longtemps l’image d’une Suisse qui se voudrait au-dessus de tout soupçon.