Ils ne sont plus que deux. Et, avouons-le, le binôme n’enchante personne. Oslo a retiré sa candidature aux Jeux d’hiver de 2022, mercredi 1er octobre, faute d’avoir obtenu le soutien financier de l’Etat à l’issue d’un vote au Parlement. A ce stade du processus, il ne reste donc plus que deux villes en course: Almaty au Kazakhstan et Pékin en Chine. La première penche nettement vers l’Asie, la seconde y est solidement installée. Après PyeongChang en 2018 et Tokyo en 2020, l’équilibre des continents est plus que jamais menacé.
Pour Oslo, le coup est rude. Un récent sondage avait révélé que, pour la première fois, une courte majorité de Norvégiens (53% des personnes interrogées) se déclarait favorable au projet olympique. A condition, toutefois, de revoir le coût financier du dossier à la baisse et utiliser les installations des Jeux de Lillehammer en 1994.
Malgré cela, le groupe parlementaire du Parti conservateur, le plus important au Parlement, a voté contre l’octroi d’une garantie financière à la candidature d’Oslo. « Sans un enthousiasme suffisant, il n’était pas convenable de poursuivre les JO de 2022 », a-t-il expliqué dans un communiqué.
« Le soutien n’est pas suffisant pour poursuivre un si grand projet », a commenté le Premier ministre, la conservatrice Erna Solberg, à la radio NRK. Fin de l’histoire. La Norvège se retire d’une course où tous les candidats européens ont mis les pouces, les uns après les autres, souvent pour les mêmes raisons financières: Stockholm, St Moritz, Munich, Cracovie…
Au CIO, l’annonce du retrait d’Oslo a été vécue comme une trahison. L’institution olympique avait multiplié les gestes en faveur de la candidature norvégienne, ces dernières semaines, avec l’espoir de peser sur la décision finale du Parlement. L’aide octroyée par avance par le CIO à la ville hôte des Jeux d’hiver avait été largement augmentée, pour atteindre 880 millions de dollars (en hausse de 240 M$). Une vieil article de la Charte olympique avait été ressorti des oubliettes, obligeant désormais la future ville des JO a s’engager par contrat à respecter les libertés et à abolir toutes formes de discrimination. Sans résultat.
La réaction du CIO n’a pas tardé. Et elle a été d’une rare violence. Oubliant pour l’occasion sa légendaire diplomatie, le CIO a pondu un communiqué, signé par Christophe Dubi, le directeur exécutif des Jeux, où la Norvège en prend pour son grade. Christophe Dubi parle d’une « occasion manquée », pour le pays, pour sa capitale et pour ses athlètes. Surtout, il pointe du doigt l’absence de professionnalisme de l’équipe de candidature d’Oslo 2022. « Oslo 2022 n’a envoyé aucun de ses membres seniors et pas un seul représentant du gouvernement » au séminaire des finances, organisé plus tôt dans l’année par le CIO à l’intention des trois villes candidates, accuse Christophe Dubi. Les hommes politiques norvégiens ont donc « pris leur décision en se basant sur des demi-vérités ou des inexactitudes ».
Le CIO n’apprécie pas le retrait du dossier norvégien. Un dossier qu’il aurait certainement aimé voir rafler la mise. Il n’apprécie pas non plus se retrouver avec une course à seulement deux partants, dont aucun ne fait vraiment rêver.
Reste une question: le CIO en restera-t-il avec ces deux candidats? Selon les règlements, Almaty et Pékin ont jusqu’au 7 janvier 2015 pour soumettre officiellement leur dossier de candidature. Le processus n’en est donc qu’à son début. Mais depuis l’annonce du retrait d’Oslo, les voix s’élèvent déjà dans le mouvement olympique pour appeler le CIO à « geler » la procédure et rouvrir en urgence un appel à candidatures.
Sur le principe, la manœuvre est possible. Rien n’empêche formellement le CIO de solliciter une nouvelle fois les villes requérantes à se lancer dans la bataille. Mais le jeu pourrait s’avérer risqué. Rien ne permet en effet de penser, aujourd’hui, qu’un deuxième appel à candidatures ferait pousser un peu partout, comme par miracle, les ambitions olympiques des uns et des autres. L’Allemagne, qui a jeté aux orties son dossier Munich 2022, se concentre actuellement sur les Jeux d’été de 2024, voire 2028, où Berlin et Hambourg se disent intéressées. La Suisse, où le projet de St Moritz a été refusé par référendum, tente sa chance avec Lausanne pour les Jeux de la Jeunesse d’hiver en 2020. Stockholm et la Suède semblent dans le même état d’esprit que leur voisin norvégien. Quant à Cracovie, où les ambitions olympiques ont également été renvoyées par le fond après le non de la population, on voit mal pour quelle raison l’opinion y aurait soudainement changé d’avis.
Le CIO devra s’assurer de garanties avant de lancer un éventuel deuxième appel à candidatures. Il devra être certain de voir au moins un candidat sérieux se présenter à l’audition. A ce jour, rien n’est moins sûr.
Téléchargez ici la procédure d’acceptation des candidatures 2022 du CIO et la Charte Olympique.