Thomas Bach, le président du CIO, l’a expliqué jeudi après-midi, au terme d’une session de deux jours de la commission exécutive: le processus de candidature pour les Jeux d’hiver et d’été devrait être modifié. Une recommandation sera faite en ce sens à l’Assemblée générale de l’institution olympique, les 8 et 9 décembre à Monaco. Sauf immense surprise, elle sera votée et validée. Le nouveau processus pourrait y gagner en souplesse et en clarté. Il pourrait être moins contraignant et moins coûteux pour les villes requérantes. Thomas Bach a évoqué l’idée d’une « invitation » qui leur serait faite de se lancer dans la course. Tout un programme.
Mais est-ce vraiment important? A l’évidence, le CIO le croit sans nuance. Mais tous les acteurs du mouvement olympique ne semblent pas du même avis. Lars Haue-Pedersen, le directeur exécutif de TSE Consulting, une entreprise internationale spécialisée dans le conseil aux villes, régions, et pays dans leur approche du sport et des événements sportifs, avance un point de vue différent. Il en explique, pour FrancsJeux, les grandes lignes.
« Ces derniers mois, de nombreux experts, reporters, et leaders d’opinion dans le monde du sport ont débattu sur la problématique de savoir comment le CIO peut continuer à maintenir l’intérêt des villes du monde pour son produit principal : les Jeux Olympiques. Jusqu’à aujourd’hui, les discussions se sont concentrées sur les ajustements que le CIO peut apporter pour simplifier le processus de candidature, en partant de l’hypothèse que ce changement pourrait stimuler l’intérêt des villes à se porter candidates aux Jeux.
Alors que tout le monde semble à la recherche de la meilleure solution, il faut peut-être se poser la question de savoir si le débat actuel n’a pas été considéré sous le mauvais angle. Car cette hypothèse pourrait s’avérer être fondamentalement fausse et pourrait donc diriger le débat dans la mauvaise direction pour le CIO.
Quand dans une ville, une région ou un pays, les élus responsables et les politiciens évaluent l’opportunité de se porter candidats, ils se concentrent uniquement sur la pondération des pours et des contres d’organiser les Jeux plutôt que sur le processus de candidature lui-même. Très peu de villes se renseignent sur le processus de candidature avant de penser à se porter candidates pour une future Olympiade. Les éléments qui sont étudiés en premier sont, principalement, les coûts, les besoins en infrastructures, et d’autres sujets de ce type liés aux Jeux eux-mêmes.
Alors que ces enjeux jouent un rôle primordial dans la décision se lancer dans une candidature, le processus de la candidature même est relativement peu important. Si une ville est prête à investir 10 milliards dans un projet, elle pourra certainement dépenser 10 millions pour que les choses soient faites correctement au moment de la candidature.
Le processus de candidature devrait être considéré pour ce qu’il est vraiment : un processus d’appel d’offre qui permettrait au CIO de s’assurer qu’il « achète » la meilleure ville potentielle. Le processus ne devrait pas être vu comme un outil pour « vendre » les Jeux olympiques aux villes.
Afin de stimuler l’intérêt des villes potentielles, le CIO devrait diriger son attention vers le produit que les villes achètent : les Jeux olympiques. Cette tâche peut être accomplie en expliquant aux villes que l’on ne peut pas nécessairement réduire les coûts (nous sommes tous prêts à payer plus pour une plus grande valeur), mais que cet événement peut rentrer dans une stratégie à long terme qui a du sens pour la ville et ses habitants.
Toutes les villes étant différentes, avec des objectifs spécifiques, le projet à court terme (les Jeux eux-mêmes) doit être flexible pour pouvoir s’intégrer et renforcer la stratégie à long terme du client final – la ville hôte.
La solution pour le CIO et autres ayants- droits est de faire en sorte que les villes les plus attrayantes et les plus créatives aient envie d’accueillir les Jeux olympiques. Se focaliser uniquement sur le simple processus de sélection de celles-ci pourrait s’avérer être une erreur ».