Après le Qatar, la Russie. Le sport russe est éclaboussé deux fois dans la même journée, ce mercredi 3 décembre 2014, par des révélations médiatiques au fort parfum de souffre. Deux affaires qui laissent entendre que le dopage serait monnaie courante, notamment en athlétisme.
La première est révélée par l’Equipe. Le quotidien français explique avoir eu « connaissance d’un document à l’origine d’une enquête interne de l’IAAF sur une tentative de corruption pour couvrir des faits de dopage en Russie. » Très détaillé, l’article fait état d’une plainte déposée par un agent russe, Andreï Baranov, auprès de la commission d’éthique de l’IAAF. L’enquête est en cours. Elle est, évidemment, classée confidentielle. Mais l’Equipe suggère qu’elle pourrait révéler un cas de corruption au sein même de la Fédération internationale d’athlétisme.
Andreï Baranov, un agent installé aux Etats-Unis, assure que l’une de ses athlètes, la marathonienne Liliya Shobukhova (notre photo), auteur du 2ème meilleur chrono de l’histoire sur la distance (2 h 18′ 20 en 2011 à Chicago), aurait été rackettée par sa fédération après un contrôle antidopage positif. Les autorités de l’athlétisme russe lui auraient réclamé 450.000 € pour ne pas ébruiter l’affaire et la laisser participer aux Jeux de Londres en 2012.
Plus grave: le quotidien fait état de rencontres dans des hôtels moscovites entre Valentin Balakhnichev, le président de la Fédération russe d’athlétisme (et trésorier de l’IAAF), Habib Cissé, conseiller juridique de l’IAAF et Papa Massata Diack, le fils de Lamine Diack, le président de l’IAAF. Des rencontres qui se seraient déroulées en 2011, à l’époque du contrôle de la marathonienne. Avaient-elles pour objectif de corrompre une ou plusieurs personnes au sein de l’IAAF, dans le but de maquiller les résultats d’analyses antidopage ? L’enquête devrait le dire. Présenté par l’Equipe comme le personnage central de l’affaire, Valentin Balakhnichev a répondu au quotidien, depuis son bureau de Moscou, n’avoir aucun commentaire à faire.
La deuxième affaire vient d’Allemagne. Elle concerne également le sport russe. Et dégage, elle aussi, une odeur de dopage. Un documentaire télévisé de 60 minutes, réalisé par la chaîne ARD, sera diffusé ce mercredi 3 décembre à 18 h 50 en Allemagne. Son titre en dit long sur le contenu: « Le dossier secret du dopage: comment la Russie fabrique ses vainqueurs. »
L’équipe de télévision allemande a enquêté pendant plusieurs mois en Russie. Elle a infiltré des groupes d’entraînement. Elle a fait parler athlètes et entraîneurs russes, face à la caméra ou de façon anonyme. Le documentaire révèle un dopage organisé, dans plusieurs sports, dont l’athlétisme, souvent au plus haut niveau des instances dirigeantes. Il raconte qu’une pression serait exercée sur tous ceux, sportifs, coachs ou dirigeants, qui seraient tentés de briser la loi du silence. Il évoque même des menaces de mort brandies devant les candidats au déballage. Stupéfiant.