Candidatures

Pour l’IAAF, Coe lance une campagne 2.0

— Publié le 4 décembre 2014

Sergueï Bubka, son probable futur rival dans la course à la présidence de l’IAAF, est prévenu: Sebastian Coe s’est donné les grands moyens pour succéder à Lamine Diack à la tête de l’athlétisme mondial. Le Britannique a lancé sa campagne présidentielle, mercredi 3 décembre à Londres. Et il a donné le ton. Pas question pour le champion olympique de demi-fond d’y aller à pas feutrés. Sebastian Coe veut déployer la grosse artillerie.

Passons rapidement sur son programme. Comme on pouvait s’y attendre, il se présente comme un savant mélange d’idées nouvelles et de valeurs sûres. Créatif sans être trop décoiffant. Le contraire aurait constitué une surprise. Sebastian Coe veut réformer le calendrier, convaincu que « le public ne comprend pas quand commence la saison et quand elle finit, pourquoi elle passe sans cesse des Etats-Unis à l’Europe et à l’Asie. » Avant de promettre « un calendrier harmonisé, clé de la promotion et du marketing. »

Il souhaite également proposer un athlétisme plus proche du public, notamment des jeunes, en l’amenant au cœur de l’environnement urbain. Il cite l’exemple des CityGames de Newcastle, où « il y a eu des milliers de personnes massées dans les rues le long des couloirs de sprint ou autour du saut à la perche ». Et précise son idée: « On touche plus facilement les jeunes quand la dimension athlétique est rapportée visuellement à la longueur d’une façade de magasin ou à la hauteur d’un bus. »

Enfin, l’ancien patron des Jeux de Londres en 2012 entend augmenter les ressources allouées à la lutte contre le dopage, et donner plus de poids aux athlètes dans les débats internes à l’IAAF. Pas mal.

Plus intéressant: la campagne en elle-même. Pour l’emporter, Sebastian Coe a mis en place un plan de communication digne d’une candidature olympique. Il s’est entouré d’un expert, son compatriote Mike Lee, le fondateur et patron de l’agence anglaise Vero Communications. Connu comme le loup blanc dans l’univers olympique, Mike Lee a conseillé les candidatures victorieuses de Rio pour les Jeux de 2016, PyeongChang pour ceux de 2018, Buenos Aires pour les Jeux de la Jeunesse en 2018. Il était également de la campagne, nettement plus trouble, du Qatar pour le Mondial de football en 2022. Mike Lee a aussi accompagné Bernard Lapasset, le président de l’IRB, dans son patient travail de lobbying pour faire accepter le rugby à 7 dans le programme olympique. Plus récemment, il était aux côtés de Brian Cookson dans sa tentative, parfaitement réussie, de décrocher la présidence de l’Union cycliste internationale.

Avec un tel conseiller, Sebastian Coe avance ses pièces à la façon d’un stratège. Il a d’abord annoncé sa candidature dans le quotidien l’Equipe, la semaine passée, histoire de se donner d’emblée une dimension internationale. Puis il a publié une tribune dans le Daily Telegraph, mardi 2 décembre, avant de présenter à la presse, le lendemain, son « manifeste » pour l’avenir de l’IAAF. Très au point, son équipe de campagne a envoyé à la presse internationale les grandes lignes du document dès la matinée du mercredi, en demandant de respecter un embargo. Plus tard dans la journée, elle a bouclé l’affaire en transmettant aux médias la totalité de la présentation faite par Sebastian Coe en conférence de presse.

On pouvait s’y attendre: le Britannique s’est offert un site internet officiel, sebcoe2015.org. Entièrement dédié à la campagne pour la présidence de l’IAAF, il détaille de façon complète son programme et son parcours. Un modèle du genre, décliné en anglais, français, espagnol et… russe. Un clin d’oeil à Sergueï Bubka?