Qui l’eut cru? Un troisième homme s’est lancé, ce mardi 6 janvier 2015, dans la course à la présidence de la FIFA. Et non le moindre. Le prince jordanien Ali Bin Al Hussein, déjà vice-président de la Fédération internationale de football, a fait savoir sur son compte Twitter qu’il postulait à la succession de Sepp Blatter. Il se dressera donc, comme le Français Jérôme Champagne, sur la route du Suisse, en poste depuis le mois de juin 1998.
« Je me porte candidat à la présidence de la FIFA parce que j’estime qu’il est temps de sortir des polémiques internes pour revenir au sport », a écrit le prince jordanien. Il a également précisé: « Cela n’a pas été une décision facile. Elle est le fruit d’une longue réflexion et de nombreuses discussions avec des collègues respectés au sein de la FIFA ces derniers mois. » Enfin, le nouveau candidat a lâché ses premières attaques sur la gestion de Sepp Blatter, attaques encore très courtoises mais assez directes: « Le football mondial mérite une gouvernance de classe mondiale. La FIFA doit être une organisation de service et un modèle d’éthique, de transparence et de bonne gouvernance. » Voilà qui est dit.
Peu attendue, la candidature d’Ali Bin Al Hussein s’annonce sur le papier nettement plus redoutable pour Sepp Blatter que celle, annoncée la première, de Jérôme Champagne. Le Jordanien est déjà dans la place, puisqu’il occupe un siège de vice-président depuis 2011. Surtout, il possède à coup sûr les moyens financiers de mener une campagne qui, même si elle sera de courte durée (l’élection à la présidence de la FIFA se déroulera lors du Congrès le 29 mai 2015 à Zurich), promet d’être visible voire spectaculaire.
Qui est donc Ali Bin Al Hussein? Dans le monde du football, tout sauf un inconnu. Né le 23 décembre 1975 à Amman, il est âgé de 39 ans. Troisième fils de l’ancien roi Hussein de Jordanie, il a fait ses études dans son pays natal, puis aux Etats-Unis et en Angleterre, avant de rejoindre l’armée jordanienne. En 1999, à seulement 24 ans, il prend la tête de la Fédération jordanienne de football. Une année plus tard, il est à l’origine de la création de l’Association d’Asie de l’ouest de football (WAFF), dont il se sert comme d’un tremplin pour entrer au Conseil exécutif de la FIFA en qualité de représentant du continent asiatique. A ce jour, il est le plus jeune dirigeant de l’histoire ayant intégré le Conseil de la FIFA. Il y est entré officiellement le 6 janvier 2011, soit quelques jours seulement après son 35ème anniversaire.
Ali Bin Al Hussein est le frère de la Princesse Haya de Jordanie, qui vient de rendre les clefs de la présidence de la Fédération équestre internationale après deux mandats. Accessoirement, il est aussi le demi-frère du Prince Faisal, un membre du CIO. Dans l’univers du football, il est connu pour avoir été l’un des plus dirigeants les plus actifs dans la campagne pour autoriser le port du voile dans les compétitions féminines. Plus récemment, il s’est fait remarquer en se rangeant dans le camp des membres de la FIFA ouvertement favorables à la publication du rapport Garcia.
A un peu plus de 4 mois de l’élection, il est encore difficile de peser avec précision les chances du Jordanien. Éclaboussé par les affaires, affaibli par les polémiques, Sepp Blatter n’a sans doute jamais semblé aussi vulnérable. Ali Bin Al Hussein incarne la jeunesse. Il peut aussi se placer en défenseur de l’éthique et de la transparence et rallier les voix des pays, sans doute nombreux, en attente d’une FIFA enfin lavée de tous soupçons. Il devrait rassembler une partie des suffrages du continent asiatique, voire de l’Europe, où la popularité de Sepp Blatter n’a jamais été aussi réduite.