Sur la carte du monde sportif, le Rwanda se voit à peine. Un état de presque 12 millions d’âmes, posé en Afrique de l’est. Le pays « aux 1000 collines ». Pas un seul champion olympique recensé à ce jour. Et une représentation de seulement 7 athlètes aux Jeux de Londres en 2012. Mais les choses pourraient changer. Robert Bayigamba, le président du comité olympique rwandais, l’a expliqué à Kigali, où se tient jusqu’au 14 mars l’édition 2015 de la Convention internationale du sport en Afrique (CISA): « Nous voulons faire du sport un pilier du développement économique et social du pays. »
L’ambition n’est pas nouvelle, le refrain déjà connu. Mais le Rwanda est passé à l’action. En avril 2013, son comité olympique, membre de l’AFCNO, s’est attelé à établir un état des lieux. Il en est ressorti que le pays était peu connu, voire pas du tout, que ses résultats sportifs étaient faibles, son expérience très limitée et son mouvement sportif miné par les conflits et les divergences. Quatre mois plus tard, une assemblée générale extraordinaire a été organisée à Kigali. Elle a déterminé un « plan stratégique » construit autour de cinq priorités: des structures plus fortes, une vraie politique du haut niveau, un développement du sport pour tous, la construction d’infrastructures, l’organisation d’événements sportifs.
A chacune de ces priorités a été associé un programme. Il a été annoncé, par exemple, que la délégation rwandaise devrait compter 15 athlètes en 2016 aux Jeux de Rio, plus du double qu’en 2012 à Londres. Un expert international, le Français Laurent Torrecillas, président de la société Inuksuit International, a été recruté pour accompagner le comité national olympique. Il a été évoqué un partenariat sur le haut niveau avec les autres pays de l’est africain, la Tanzanie, le Burundi, le Kenya, en athlétisme, cyclisme, boxe ou taekwondo. Un contact a été établi avec le Canada pour utiliser au Rwanda son programme de détection des jeunes talents. Le pays envisage également d’accueillir un musée du sport africain.
A plus long terme, le Rwanda voit nettement plus grand. Robert Bayigamba l’explique: « Nous ambitionnons de construire à Kigali un « hub olympique », unique sur le continent, où se côtoieraient trois univers: des infrastructures sportives (stade, gymnase, piscine…), un parc de loisirs et un centre de préparation au haut niveau. » Coût estimé: environ 500 millions d’euros. Le projet a été présenté en juillet dernier à Thomas Bach, le président du CIO. « Il s’est montré très intéressé et s’est dit prêt à nous accompagner, mais il veut en voir et en savoir un peu plus », explique Robert Bayigamba.
Les moyens? Ils restent limités. Comme l’essentiel des comités olympiques africains, le cno rwandais peu seulement compter sur l’aide de l’état et, plus encore, sur les ressources de la Solidarité olympique. Mais un plan marketing a été mis en place. Un partenariat vient d’être signé avec l’agence sud-africaine EXP, afin de valoriser auprès de potentiels annonceurs les anneaux olympiques. Un premier contrat avec la compagnie aérienne Rwandair est sur le point d’être signé. Deux autres pourraient suivre, avec une banque et une compagnie d’assurances. Laurent Torrecillas précise: « Nous voulons trouver un partenaire exclusif dans chacun des douze secteurs prioritaires de l’économie rwandaise. »
Autre priorité: l’organisation d’événements. L’accueil à Kigali de CISA 2015 ouvre la brèche. « Mais nous voulons plus, suggère Robert Bayigamba. Nous allons frapper à la porte du CIO pour proposer de recevoir des conventions ou des sessions internationales. Il est temps de positionner le Rwanda sur la carte du mouvement sportif international. » Le chemin s’annonce long. Mais le Rwanda n’est pas pressé, seulement ambitieux.