Un quasi inconnu de 22 ans, Peter Kimeli Some, a remporté dimanche 7 avril la 37ème édition du Marathon de Paris. Le coureur est kenyan, naturellement. Son temps, 2 h 5’38, en fait le 38ème meilleur marathonien de tous les temps. Derrière lui, 38 690 hommes et femmes ont franchi la ligne d’arrivée, en plus ou moins bon état. Un résultat collectif qui place l’épreuve parisienne au deuxième rang des marathons planétaires, en nombre d’arrivants, derrière New York et ses 46 759 « finishers » en 2011. Précision : Peter Kireli Some a empoché un chèque de 50 000 €. Feysa Boru Tadese, l’Ethiopienne victorieuse chez les femmes, en a reçu 10 000 de plus pour avoir battu le record de l’épreuve (2 h 21’06).
Mais le grand vainqueur de la journée n’a pas eu besoin d’affoler le chrono. Son nom : Amaury Sport Organisation. En trois lettres, A.S.O., l’organisateur du Marathon de Paris. Avec 50 000 coureurs au départ, des sponsors à la pelle et une modèle économique très avantageux, la course se révèle un excellent filon. Et même, soyons clair, une machine à gagner de l’argent. Selon le magazine économique Challenges, le chiffre d’affaires d’A.S.O. sur cet évènement annuel atteindrait 5,6 millions d’euros. Sa marge se situerait aux alentours de 1,6 million d’euros, soit plus de 25%.
Dans le détail, la vente des dossards rapporte à l’organisateur environ 3 millions d’euros. Il en coûte en effet entre 65 et 110 € pour gagner le droit se présenter sur la ligne de départ. Un coût variable selon la période où est souscrite l’inscription. Le partenariat, de son côté, pèse plus ou moins 2 millions d’euros, le plus gros de l’enveloppe étant apporté par les trois principaux sponsors, Schneider Electric (1 M€), Asics (500 000 €) et Nissan. Enfin, les trois jours de Running Expo, véritable foire de la course à pied installée Porte de Versailles, rapportent 500 000 €.
Côté dépenses, l’organisation d’une telle manifestation est estimée à environ 4 millions d’euros, dont une bonne partie consacrée au plateau. Le terrain de jeu, à savoir les rues de Paris, ne coûte rien. Mais A.S.O doit s’acquitter d’une taxe de 400 000 € pour utiliser la marque Marathon de Paris, propriété de la capitale.
Pour être pratiquée régulièrement par près de 6 millions de Français, soit un petit dixième de la population, la course à pied se révèle un juteux business. On estime à 4 à 500 € par an la somme dépensée chaque année par un marathonien moyen pour son équipement (chaussures, textile, gadgets…). Un chiffre qui ne faiblirait pas, malgré la crise. Mais l’impact du Marathon de Paris ne se fait seulement ressentir dans le tiroir caisse des équipementiers. Selon les statistiques fournies par A.S.O., la participation à l’édition 2013 serait étrangère pour un bon tiers. Et la moitié des Français au départ était constituée de provinciaux. La Mairie de Paris a calculé que cette masse de coureurs apporterait environ 50 millions d’euros en retombées touristiques et commerciales. Preuve que le marathon, aujourd’hui, ça rapporte énormément. A Paris, New York, Londres, Berlin… et partout ailleurs.