Candidatures

Face à Boston 2024, le CIO s’interroge

— Publié le 2 avril 2015

L’heure est à la mobilisation à Boston. Mardi 31 mars, l’équipe de candidature a tenu une réunion publique à l’Université de Harvard. Objectif annoncé: convaincre la population locale de l’opportunité pour la capitale du Massachusetts de se présenter aux Jeux d’été de 2024, puis de décrocher le pompon. Surtout, il est urgent pour les porteurs du projet américain de retourner une opinion publique désormais majoritairement opposée à l’ambition olympique de la métropole. Selon le plus récent sondage, réalisé le mois dernier pour la radio WBUR, seulement 36% des personnes interrogées s’y déclarent favorables. Elles étaient encore 51% en janvier dernier, au moment de la désignation de Boston par le comité olympique américain (USOC). Une autre réunion publique est prévue le 28 avril. Leur nombre pourrait augmenter au cours des prochains mois.

Inquiétant? La presse américaine le croit. Le Wall Street Journal a annoncé, en début de semaine, que la candidature pourrait purement et simplement être abandonnée dans l’hypothèse où un référendum, prévu à l’automne 2016, se révélait défavorable au projet. Une nouvelle que l’USOC s’est empressée de démentir par un communiqué officiel. Mais Associated Press a poussé l’investigation jusqu’à sonder les membres du CIO. Steve Wilson, le spécialiste des questions olympiques de l’agence américaine, en a interrogé une poignée sur leur sentiment face à l’incertitude autour du dossier de Boston 2024.

Sans surprise, Anita DeFrantz balaie d’un geste de la main les doutes sur l’avenir du projet. La vice-présidente de la Fédération internationale d’aviron (FISA), membre de la commission exécutive du CIO, est américaine. Elle soutient à fond la candidature. « L’USOC a pris une décision et nous devons maintenant avancer, dit-elle. Il y aura un référendum. C’est très bien. Les gens auront tout le temps de se renseigner sur les faits. »

Denis Oswald, l’ancien président de la FISA, un membre historique du CIO, se montre plus dubitatif. « L’USOC devait certainement avoir quelques indications sur le soutien populaire dans les différentes villes américaines en lice, je suis surpris qu’il n’en ait pas plus tenu compte », suggère le dirigeant suisse. Denis Oswald ne fait pas non plus mystère de son incompréhension face à l’idée émise par Boston 2024 d’organiser un référendum en novembre 2016, soit plusieurs mois après la réunion de la commission exécutive du CIO censée établir une short-list des villes candidates. « Pourquoi attendre aussi longtemps, s’interroge-t-il. Je ne comprends pas. L’incertitude qui va planer au-dessus du projet, quel que soit le résultat final du référendum, ne sera pas bonne pour la candidature. »

Même son de cloche chez Dick Pound, autre « historique » du mouvement olympique, membre du CIO et ancien président de l’Agence mondiale antidopage.  Interrogé par AP, le Canadien considère que soumettre l’avenir de la candidature à un référendum constitue un « risque ». « Cela revient à aller de l’avant, à préparer tout un tas de plans et à engager des dépenses, sans être certain qu’il ne pas se trouver quelqu’un pour tout arrêter de façon soudaine », assure-t-il. Un scénario d’autant plus aléatoire qu’il ne sera alors plus possible pour l’USOC, en cas de refus de la population de cautionner le projet de Boston, de se tourner vers une autre ville américaine.

Annoncés très tôt favoris d’une course olympique dont on ignore encore tous les concurrents, les Américains croyaient avoir réussi leur départ. Aujourd’hui, ils en doutent. Et le CIO avec eux.