Coup de tonnerre dans le monde du football. Sept dirigeants internationaux tous membres de la FIFA, ont été réveillés au petit matin dans leur hôtel de Zurich, où doit se tenir en fin de semaine le Congrès de l’institution internationale du football, par des agents en civil de la police cantonale suisse. Ils ont été arrêtés à la demande des autorités américaines. Les sept dirigeants, dont l’identité a d’bord été tenue secrète, font l’objet d’accusations de corruption par la justice des Etats-Unis. Ils pourraient être extradés.
En fin de matinée, la BBC a levé le voile sur les noms de quatre de ces six accusés: Jeffrey Webb, originaire des Iles Cayman, président de la CONCACAF, Eduardo Li du Costa Rica, Eugenio Figueredo de l’Uruguay, et Jose Maria Marin, le vice-président de la fédération brésilienne de football.
Plus tard, le ministère de la Justice américain a fait savoir que neuf dirigeants de la FIFA et cinq partenaires avaient été inculpés. Parmi eux , le nom de Jeffrey Webb a été confirmé, ainsi que ceux d’Eduardo Li, membre du comité exécutifs de la FIFA et de la CONCACAF, Eugenio Figueredo, actuel vice-président de la FIFA, et Jose Maria Marin, membre du comité d’organisation des Jeux de Rio au titre de la FIFA. Les noms de Julio Rocha, chargé du développement à la FIFA, Costas Takkas, attaché au cabinet du président de la CONCACAF, Rafael Esquivel, membre du comité exécutif de la CONMEBOL, Nicolas Leoz et Jack Warner, deux anciens membres du comité exécutif de la FIFA, ont également été cités.
Les cinq partenaires inculpés n’ont pas encore été nommés, mais ils seraient tous des professionnels du marketing sportif.
L’affaire a été révélée par le New York Times très tôt dans la matinée, avant d’être reprise et confirmée par les agences internationales. Le ministère de la justice a indiqué que les faits s’étaleraient sur une période de 24 ans.
Les dirigeants en question sont suspectés d’avoir accepté des dessous de table dont le montant total dépasserait les 100 millions de dollars. Des faits de corruption qui débuteraient dans les années 90 et concerneraient l’attribution de plusieurs grandes compétitions, sur le continent américain pour l’essentiel. Les faits se seraient produits aux Etats-Unis. L’argent aurait transité par des banques américaines, d’où l’intervention des services de police et de la justice américaines.
Les dirigeants arrêtés vont être entendus par la police de Zurich. Ceux qui accepteront leur extradition feront l’objet d’une procédure simplifiée « par laquelle l’OFJ (Office Fédéral de la Justice) pourra sans délai approuver la demande d’extradition vers les Etats-Unis et l’exécuter. Pour celles qui s’y opposeront, l’OFJ priera les Etats-Unis de faire parvenir une demande formelle d’extradition à la Suisse dans le délai de 40 jours prévu par le traité d’extradition en vigueur entre les deux pays », précise le communiqué des autorités judiciaires suisses.
Dans une procédure distincte, le parquet suisse a annoncé ce même jour avoir saisi des documents électroniques au siège de la FIFA à Zurich. Ces saisies ont eu lieu dans le cadre d’une procédure pénale contre X pour soupçon « de blanchiment d’argent et gestion déloyale » entourant les attributions des Coupes du Monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. Cette procédure, ouverte depuis le 10 mars, n’avait pas été rendue publique jusqu’à mercredi.
Selon Walter De Gregorio, le directeur de la communication de la FIFA, cette perquisition est liée à la plainte déposée le 18 novembre par la FIFA pour des soupçons de « transferts internationaux de patrimoine ». Une autre perquisition a été effectuée à Miami, ce mercredi, au siège de la CONCACAF.
Le coup est rude. A deux jours de l’élection présidentielle, où Sepp Blatter briguera un nouveau mandat, opposé au seul prince jordanien Ali bin Al Hussein, il s’apparente à un double séisme. Pourtant, pas question de reporter le scrutin. Walter De Gregorio l’a assuré: le président Blatter et son secrétaire général Jérôme Valcke « ne sont pas impliqués » dans cette affaire.