C’est parti. Les Jeux Européens 2015, premiers du nom, commencent ce vendredi 12 juin à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. Ils s’ouvrent en début de soirée au nouveau stade olympique, par une cérémonie d’ouverture qui se déroulera à guichets fermés, comme plus d’une centaine de sessions de compétition. Les organisateurs en ont confié la direction à une spécialiste du genre, la Britannique Catherine Ugwu, productrice exécutive des Jeux olympiques et paralympiques de Londres en 2012. La perspective d’une soirée grandiose, qui sera retransmise en direct à partir de 17 heures GMT sur le site officiel des Jeux : baku2015.com.
N’ayons pas peur des mots : la date du 12 juin 2015 restera historique. Avec cette première édition des Jeux, l’Europe du sport prend place dans un calendrier sportif international où elle brillait jusque-là par son absence. L’Afrique avait ses Jeux Africains, l’Asie ses Jeux Asiatiques, l’Amérique ses Jeux Panaméricains. L’Europe, rien. Une lacune désormais comblée.
Le continent avait-il réellement besoin d’un tel rassemblement de disciplines et d’athlètes ? L’avenir répondra. Une réponse qui pourrait dépendre, pour l’essentiel, du niveau des compétitions que réussiront à atteindre les Jeux Européens.
Cette première édition, l’Azerbaïdjan en a obtenue l’organisation en décembre 2012, soit moins de trois ans avant les trois coups. Le pays l’a préparée à la va-vite, à la façon d’un sprint, mais sans sacrifier les moyens. A Bakou, tout est prêt depuis longtemps. Les installations, souvent impressionnantes, sentent le neuf. La mobilisation nationale ne fait aucun doute. Les détails sont soignés. L’événement sera diffusé dans le monde entier, jusqu’en Chine et en Afrique. Bluffant.
Le niveau ? Forcément inégal. L’athlétisme ne devrait pas atteindre des hauteurs, la compétition étant réduite à la troisième division du championnat d’Europe par équipes. Mais les organisateurs ont eu l’idée d’inviter, pour des démonstrations de rue, le perchiste allemand Raphael Holzdeppe et le sauteur en hauteur ukrainien Bohdan Bondarenko, tous deux champions du monde en titre. La natation s’annonce également modeste. Ailleurs, les meilleurs seront (presque) tous là. Pierce O’Callaghan, le directeur des sports de Bakou 2015, l’a expliqué à FrancsJeux : « Les athlètes veulent marquer l’histoire. En remportant la victoire à Bakou, ils inscriront leur nom sur la première ligne du palmarès. »
Selon les chiffres communiqués par le comité d’organisation (BEGOC), pas moins de 150 médaillés olympiques, dont 59 d’or, ont fait le voyage vers Bakou pour les Jeux Européens. L’événement verra également la participation de 200 champions du monde. Les uns et les autres veulent s’inviter dans l’Histoire. Surtout, ils peuvent s’assurer dès maintenant une place aux Jeux de Rio en 2016. A Bakou, pas moins de 12 des 20 disciplines inscrites au programme offriront la possibilité de se qualifier pour les prochaines épreuves olympiques. En tennis de table, tir et triathlon, la victoire sera assortie d’un billet direct pour les Jeux de Rio. Une opportunité que les meilleurs européens dans ces trois disciplines ne voudront pas laisser passer.
Autre intérêt : la présence au programme de quatre sports ou disciplines non olympiques, en campagne plus ou moins ouverte pour une entrée aux Jeux. Le karaté, le beach soccer, le sambo et le basket 3×3 pourront utiliser les Jeux Européens comme une vitrine. A l’heure où le CIO veut donner plus de souplesse au programme de ses Jeux, une telle occasion n’est pas à négliger. Le beach soccer l’a compris. Quatre de ses meilleures équipes sont présentes à Bakou, dont la Russie, championne du monde en titre.
Dans un registre différent, la gymnastique a choisi de se servir des Jeux Européens de Bakou 2015 comme d’un laboratoire. Georges Guelzec, le président de l’Union européenne de gymnastique, veut y tester un nouveau format de compétition, où les différentes disciplines se partageront la salle sans le moindre temps mort. Une innovation qui pourrait, si elle était jugée concluante, se généraliser à l’avenir aux compétitions mondiales, voire olympiques. Une autre preuve que le sport européen a rendez-vous avec l’Histoire, du 12 au 28 juin à Bakou.