Le rituel est bien huilé. Aux Jeux Européens, la journée débute par la conférence de presse quotidienne du comité d’organisation (BEGOC). Une habitude inspirée des Jeux olympiques. A Bakou, elle se tient dans une « salle de bal » de l’hôtel Hilton, immense tour de verre dressée face à la mer Caspienne. A la tribune, Simon Clegg, le boss des Jeux.
Sauf situation exceptionnelle, l’exercice est bouclé en moins d’une heure. On y évoque les sujets d’actualité, le tout venant. Surtout, on y donne des chiffres, les plus chaud possible, tout juste sortis du four. A Bakou comme ailleurs, ils concernent surtout le nombre de spectateurs. Un compte qui gonfle à vue d’oeil, comme un soufflet.
Lundi 15 juin, Simon Clegg n’a pas dérogé à la règle. « A ce jour, nous avons déjà vendu plus de 140.000 billets pour les Jeux, a-t-il expliqué. Nous en sommes à un taux d’affluence sur les sites de 75%. Sur les 201 sessions de ces premiers Jeux Européens, pas moins de 168 sont annoncées sold-out. Pour la seule journée de dimanche 14 jours, six sessions de compétition se sont déroulées à guichets fermés. Nous devrions faire mieux encore ce lundi, avec une prédiction de 30.000 spectateurs sur l’ensemble des sites, car cette journée du 15 juin est fériée en Azerbaïdjan. »
Autre preuve du succès populaire de l’événement continental: le public de Bakou semble se jeter sur les dernières places encore disponibles pour la cérémonie d’ouverture, prévue dimanche 28 juin. Il s’en est vendu 8000 au lendemain de l’ouverture. « Et 15.000 ont été achetées pendant la seule journée d’hier », a annoncé Simon Clegg. Pas sûr, pourtant, que le public ait le même cadeau-surprise que pour l’ouverture, Lady Gaga avait pointé sa frimousse. A moins que… Rihanna à la clôture? Wait and see.
Sur le terrain, l’impression se révèle parfois plus nuancée. Au tennis de table, où la compétition par équipes se termine ce lundi soir, avec une finale Portugal/France chez les hommes, les tribunes reflètent assez mal les chiffres fournis par les organisateurs. Elles sont à moitié pleines, dans le meilleur des cas. Mais l’Azerbaïdjan n’a jamais été une terre de ping. Ses deux équipes, qualifiées d’office au titre du pays-hôte, ont disparu sans gloire dès leur entrée dans le tournoi.
A la lutte, en revanche, dénicher un siège vide relève du prodige. Les 7.800 places de la Heydar Aliyev Arena, baptisée du nom de l’ancien chef de l’Etat, se sont arrachées. Et personne ne semble regretter la dépense. Les athlètes du pays y réussissent des prouesses. Six médailles en deux jours de compétition, dont deux en or. Une moisson qui contribue largement au succès de l’Azerbaïdjan, pointée dimanche soir en tête du classement des nations, devant la Russie et la Turquie, avec 13 médailles. Qui l’eut cru? Spectateurs les plus remarqués: Ilham Aliyev, le chef de l’Etat, et son épouse Mehriban Aliyeva (notre photo). Assis dans leur loge, au-dessus de la tribune, ils ne manquent rien du spectacle.
En conférence de presse, ce lundi matin, Spyros Capralos, le président de la commission de coordination des Jeux Européens, s’en est ouvertement félicité: « La réussite des athlètes d’Azerbaïdjan est très importante pour le succès de l’événement. Cela permet de créer une très belle ambiance et d’inciter les gens à se mettre au sport. » Le dirigeant grec a profité de son temps de parole pour assurer, une main sur le coeur, que Bakou avait déjà démontré ses capacités à voir plus grand que ces Jeux Européens. « Sur ce que j’ai pu voir jusqu’à maintenant, il ne fait pas de doute que Bakou ferait une excellente ville-hôte des Jeux olympiques. » Reste seulement à déterminer l’année.