Jean-Michel Saive est un cas. Une rareté. Le pongiste belge, vice-champion du monde en 1993, participe à 45 ans aux Jeux Européens de Bakou à double titre. Il est engagé dans le tournoi individuel de tennis de table, où il a remporté mardi soir son premier match, en dominant (4-1) le Russe Kirill Skachkov, son cadet de 18 ans. Il porte également la casquette de membre du conseil exécutif de l’Association des comités olympiques européens (EOC), au titre de la commission des athlètes, dont il est le président. Athlète et dirigeant. Juge et partie, donc. Une position qui lui offre une perspective unique sur l’événement. Il l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux: A Bakou, êtes-vous plutôt athlète ou plutôt dirigeant?
Jean-Michel Saive: Les deux. Et ce n’est pas toujours facile. Je suis arrivé à Bakou un matin à 5 h 45, une heure plus tard on venait me chercher pour assister à la dernière réunion des chefs de mission. Les premiers jours, j’ai été très pris par mon rôle de membre du conseil exécutif de l’EOC. Réceptions, dîners… En costume, donc. J’ai notamment assisté à la réception offerte par le chef de l’Etat et la Première dame. Puis j’ai basculé dans mon statut d’athlète pour m’entraîner et préparer mon match.
Vous logez au village?
Non, je suis à l’hôtel. Cela m’évite certains déplacements. Mais je me rends souvent au village, où j’ai fait déplacer le stand de la commission des athlètes. Il était mal placé, je l’ai fait installer dans la salle de restaurant. J’y passe parfois, pour parler aux autres athlètes du rôle de la commission.
Cette double casquette vous offre une perspective unique sur l’événement…
C’est vrai. Et je dois dire que l’expérience a été incroyable. J’ai pu voir ces Jeux évoluer, mois après mois, notamment au titre de la commission de coordination. Maintenant, je suis dedans, comme compétiteur. Cette situation est assez comique.
Que vous inspire le résultat?
Je suis impressionné. Je suis venu à Bakou en septembre dernier, on m’a montré la salle de tennis de table. Elle n’était pas prête. Je suis venu une deuxième fois en février. La salle n’était toujours pas prête. J’ai demandé où se dérouleraient les entraînements, on m’a répondu que rien n’était prévu, qu’ils se passeraient peut-être dans une tente, à l’extérieur de la salle. Pour le test-event de tennis de table, la compétition a été organisée dans le site de la gymnastique. J’étais tracassé, même inquiet. Mais en arrivant à Bakou, la semaine passée, j’ai seulement dit: « Whaou ». Incroyable.
Vous attendiez-vous à une telle dimension?
Non. Pour les athlètes, il est difficile de voir une différence avec les Jeux olympiques. La dimension y est comparable. Mais cela n’a rien d’étonnant: les gens qui ont organisé ces Jeux Européens ont, pour la plupart, une grande expérience olympique.
Un mot sur vos ambitions sportives…
Etre là, dans le tournoi, est déjà un miracle. J’ai gagné mon premier match. L’aventure continue. On verra la suite au jour le jour. A mon âge, on ne sait jamais trop au moment de se lever le matin si tout se passera aussi bien toute la journée.