La candidature d’Hambourg pour les Jeux de 2024 se fait encore discrète. Les Allemands avancent à leur rythme, sans faire de bruit mais avec méthode. « Ils travaillent », suggère-t-on dans le milieu olympique. A Bakou, aux Jeux Européens, le comité olympique a organisé une réception, samedi dernier, avec quelques heures d’avance sur la soirée proposée par le Comité olympique français. Thomas Bach y est venu, naturellement. « Une réception très carrée, sérieuse et ponctuelle. A l’allemande », ironise un invité francophone.
Deux des porteurs du projet allemand, Christoph Holstein et Nikolas Hill, sont restés cinq jours à Bakou, au début des Jeux Européens. « Pour apprendre et rencontrer les gens », a expliqué le second, placé à la tête du comité de candidature. Pendant leur visite, le comité olympique allemand (DOSB) a fait savoir que le référendum sur la candidature d’Hambourg serait organisé le 26 novembre prochain, plus de deux mois après la date limite du dépôt des lettres d’intention au CIO. Un référendum dont le résultat, s’il s’avérait négatif, enverrait le projet olympique allemand dans les oubliettes de l’histoire.
Risqué? Les Allemands sont persuadés du contraire. Les sondages sont tous très positifs. Ils oscillent, selon la période et les questions, entre 60 et 70% d’opinions favorables. Le gouvernement allemand a promis de contribuer à hauteur de 30 millions d’euros au budget de la candidature, établi à 55 millions d’euros. Il en a déjà versé la moitié. Le reste sera apporté à partir de l’an prochain. La barque est stable.
Surtout, l’équipe d’Hambourg 2024 peut compter sur un soutien de poids, notamment sur le plan financier: Alexander Otto (notre photo). Cet natif d’Hambourg, âgé de 47 ans, passe pour l’un des hommes les plus riches d’Allemagne. Sa fortune est estimée par Bloomberg à 4,7 milliards d’euros. Alexander Otto dirige ECE Projektmanagement GmbH & Co. KG, le leader européen dans la gestion des centres commerciaux.
Alexander Otto a accepté, dès l’origine du projet, de jouer un rôle d’ambassadeur pour la candidature allemande. Il n’a pas hésité, dit-on. Le milliardaire avait pourtant des raisons de méditer son choix. Il a fait ses études à Harvard, l’une des universités les plus illustres des Etats-Unis, dont le campus est situé sur la commune de Boston. Il en est sorti diplômé en 1994. « J’aime beaucoup Boston, j’y suis très attaché, mais pour les Jeux de 2024, je soutiens Hambourg », insiste-t-il.
Le rôle du milliardaire allemand ne sera pas seulement financier dans la course aux Jeux d’été. Alexander Otto ne possède pas uniquement une immense fortune. Il peut aussi compter sur un épais carnet d’adresses, en Allemagne comme à l’étranger. Il croit aux chances de sa ville. Et il le dit. « Dans une telle campagne, l’opinion publique s’avère un élément déterminant, suggère-t-il. Elle doit soutenir le projet. A Boston, une ville universitaire, les esprits sont traditionnellement très critiques. Le niveau de soutien de la population sera difficile à relever. Avec cette candidature allemande, nous voulons que chaque habitant d’Hambourg comprenne qu’il a quelque chose à gagner des Jeux olympiques. Les JO peuvent jouer un rôle de catalyseur, notamment sur le plan social. Ils peuvent transformer à jamais notre ville. »
Le projet olympique allemand prévoit de localiser un grand nombre de sites sur une île, Kleiner Grasbrook, reliée par un pont au reste de la ville. Il imagine également de bâtir une salle multisport de 15.00 places, qui serait transformée en un terminal portuaire une fois les Jeux terminés.