Le sambo ne fera pas ses débuts dans le programme olympique aux Jeux de Tokyo en 2020. Sa fédération internationale avait déposé un dossier de candidature auprès des organisateurs japonais. Mais ils lui ont préféré deux autres sports de combat, le karaté et le wushu, pour la short-list des huit nominés pour une possible intrusion aux JO. La prochaine fois, peut-être.
En attendant, cette discipline d’invention militaire et soviétique est en train de réussir une saisissante percée aux Jeux Européens de Bakou. Le public de la capitale d’Azerbaïdjan, un pays qui compte 5.000 pratiquants, en raffole. Le chef de l’Etat, Ilham Aliyev, semble y prendre au moins autant de plaisir qu’au spectacle de ses jeunes citoyens se couvrant d’or sur les tapis de lutte. En prime, les compétitions de Bakou ont réservé, lundi 22 juin, l’un de ces épisodes qui traversent le temps et restent en mémoire.
La scène s’est déroulée pendant la finale de la catégorie des moins de 74 kg. En kimono bleu, le Biélorusse Stsapian Papou, un père de famille de 31 ans, attiré dans cette discipline par atavisme familial. En rouge, le champion du monde en titre, l’Azerbaïdjanais Amil Gasimov. Le chouchou du public.
Le combat hésite longtemps à choisir son camp. Son intensité grimpe. Les spectateurs hurlent. Mais, bientôt, Papou prend le dessus. Il est déclaré vainqueur. Gasimov cède. A bout de forces, il ne parvient pas se relever. On le croit vidé. Il est en réalité blessé au tendon d’Achille.
Modèle de fair-play, le Biélorusse se penche alors vers son adversaire, l’aide à se relever et, geste sublime, le porte sur son dos à la manière d’un sac de bois mort pour quitter le tapis (notre photo) Plus tard, Stsapian Papou prêtera encore main-forte à Amil Gasimov pour monter sur le podium.
« Sur le moment, j’étais surtout très heureux d’avoir gagné. Puis, quand j’ai vu qu’il était blessé, je l’ai aidé, a expliqué Papou. Je voulais lui montrer mon respect. Il s’est battu jusqu’au bout, il voulait tellement la victoire. J’ai déjà perdu des combats de cette façon. Je sais à quel point la défaite peut être une souffrance. »
Le Biélorusse a ensuite raconté sa passion pour le sambo, les sacrifices exigés par un sport encore amateur et la difficulté de son quotidien. « J’ai deux filles, je ne les vois pas toujours assez à mon goût. Je dois travailler en plus de l’entraînement. Parfois, je rentre à la maison à 3 heures du matin et je dois repartir le lendemain à 8 ou 9 h. Mais je ne pourrais pas imaginer ma vie sans le sambo. » Superbe, non?