Jamais deux sans trois ? Pour la troisième fois depuis le début des années 2000, le football féminin nord-américain se lance dans l’aventure périlleuse du professionnalisme. Une nouvelle tentative plus prudente que les deux précédentes, dont les premières rencontres ont eu lieu le week-end dernier. Et qui semble, enfin, de taille pour réussir.
Réduite à ses initiales, la nouvelle ligue féminine diffère peu de ses devancières. Après les échecs de la Women’s United Soccer League (2001/2003) et de la Women’s Professional Soccer (2010/2012), la nouvelle expérience a pris le nom de National Women’s Soccer League (NWSL). Une appellation presque trompeuse, puisque ce championnat pro concerne des joueuses originaires de trois pays : Etats-Unis, Canada et Mexique.
Mais la vraie nouveauté est ailleurs. Pour la première fois, cette ligue professionnelle est administrée et financée par la Fédération américaine de football. Dans le détail, cette institution payera les salaires de 24 joueuses de l’équipe nationale américaine, la fédération canadienne se chargeant des revenus de 16 de ses internationales, le Mexique en finançant 12 des siennes. Une forme de révolution dans un pays où le sport de haut niveau a toujours été l’affaire du secteur privé.
Echaudée par les tentatives passées, la NWSL a opté pour la prudence. Son premier championnat sera réduit à seulement cinq mois, d’avril à août 2013. Il compte huit équipes, toutes américaines, pour la plupart installées dans la partie est des Etats-Unis (Boston, New York, New Jersey, Washington…). Chacune de ses huit formations ne pourra pas compter plus de 20 joueuses dans son effectif. Toutes devront se plier à un « salary cap » fixé à 200 000 dollars par saison (environ 150 000 €). Les salaires ne pourront pas dépasser 30 000 dollars pour les cinq mois du championnat (23 000 €), avec un minium imposé de 6 000 dollars (4 500 €). Pas de quoi faire fortune, pour les pionnières de la NWSL, mais assez pour en vivre plus ou moins correctement.
Pour les meilleures Américaines, engagées pour la plupart dans des championnats européens, l’appel du dollar ne devrait pas être assez bruyant pour les ramener illico au pays. Il n’empêche, plusieurs d’entre elles ont assuré les dirigeants de la nouvelle ligue de soccer de leur participation, au moins pour quelques mois. Selon le New York Times, Megan Rapinoe, sous contrat avec l’Olympique Lyonnais, rejoindra le championnat pendant les mois d’été. Elle devrait être suivie par Tobin Heath, l’une des étrangères du Paris Saint-Germain. Plusieurs autres internationales, licenciées dans des clubs allemands ou suédois, pourraient s’engager la saison prochaine.
Dans l’attente d’un contrat avec une chaine de télévision nationale, la NWSL se contente pour l’instant de diffuser ses rencontres en direct sur Internet. Mais l’essentiel est ailleurs, dans l’existence même d’un championnat à même de maintenir les joueuses américaines, canadiennes et mexicaines dans le rythme de la compétition. « Nous avons besoin de matchs, toutes les semaines », explique Christie Rampone, une internationale recrutée par l’équipe Sky Blue, la formation du New Jersey.