L’Euro 2016 de football en France ne connaît pas encore son vainqueur, mais l’événement s’est déjà choisi une couleur: le vert. Jacques Lambert, le président du comité d’organisation, a détaillé ce jeudi 9 juillet, au dernier étage d’un restaurant situé à un jet de pierre de la Tour Eiffel, la stratégie développement durable du prochain tournoi continental. Elle est ambitieuse. Et, bonne surprise, parfois très innovante.
Sa philosophie tient en deux termes: réalisme et volonté de progrès. « Nous ne sommes pas là pour atteindre l’idéal, mais pour traiter le concret et apporter des solutions fiables à des problèmes du quotidien, explique Jacques Lambert. Nous partons d’un état réel, de ce qui existe, avec l’ambition de faire un pas de plus, de poser sur l’édifice une pierre supplémentaire, solide et durable. »
Voilà pour le discours. Précis, concis et sans fioritures, une habitude chez Jacques Lambert. Les faits, maintenant. Sur le papier, la stratégie en question ne s’éloigne pas des chemins connus. L’UEFA et la SAS Euro 2016 l’ont déterminée et rédigée à deux mains, depuis trois ans. Le résultat tient en huit points, mis en avant comme autant de priorités: accessibilité pour tous, respect de la diversité, de la culture des supporteurs, de la santé, transport public et mobilité, gestion des déchets, optimisation d’énergie et d’eau, approvisionnement responsable en produits et services.
Du blabla? Oui et non. Certes, le plan développement durable de l’Euro 2016 compte tous les incontournables du genre, servis à toutes les sauces et rarement très réalistes. Mais les organisateurs français et leur maison mère, l’UEFA, ont pioché dans la boite à idées. Avec un résultat parfois étonnant.
Meilleure illustration: la réalisation d’un éco-calculateur pour mesurer l’impact carbone des déplacements. Pour en détailler l’usage, exemple a été pris d’un supporteur roumain ayant choisi de se rendre, en avion, depuis Bucarest à Saint-Etienne pour y assister à une rencontre de l’Euro. L’impact carbone d’un tel voyage, a priori anodin, serait équivalent à 156.000 ballons de football remplis de gaz carbonique. Et oui, quand même.
Autre initiative commune à l’UEFA et à la SAS Euro 2016: l’obligation pour le personnel de ces deux organisations d’utiliser les transports publics pour les trajets inférieurs à 4 h 30. Ainsi, le Monsieur développement durable de l’UEFA a pris le train, ce jeudi 9 juillet, pour se rendre de Nyon, en Suisse, siège de l’UEFA, jusqu’à Paris pour la conférence de presse. Plus significatif: la décision, encore une fois commune à l’UEFA et à la SAS Euro 2016, de compenser financièrement leur empreinte carbone. La somme réunie permettra notamment la création d’une ferme d’éoliennes en… Nouvelle-Calédonie. Curieux mais original.
L’Euro 2016 a également prévu une brigade de 250 volontaires dédiés au développement durable, dont une centaine censée faire la chasse aux fumeurs dans les stades du tournoi. Un guide des 15 gestes responsables a été édité, à la façon d’une bande-dessinée, avec le concours d’une école de Nancy, la ville de Michel Platini.
Jacques Lambert n’en fat pas mystère: « Nous visons la certification ISO 20121 pour l’Euro 2016, un label déjà obtenu par les Jeux de Londres en 2012 et par le tournoi de Roland-Garros. » Pas facile. « Mais si les autres y sont parvenus, je ne vois aucune raison que nous ne réussissions pas », dit-il. Logique.