Un Suisse peut en cacher un autre. Après Sepp Blatter, président démissionnaire, un autre citoyen helvétique a été choisi par la FIFA pour lui dessiner un avenir moins opaque. François Carrard, un avocat de 77 ans, n’en occupera pas le fauteuil présidentiel. Mais son rôle pourrait s’avérer au moins aussi décisif pour sortir l’institution mondiale du football de l’impasse. Il doit diriger son comité de réformes.
Le nom de François Carrard avait fuité depuis la semaine passée. Sa nomination a été officialisée mardi 11 août par un communiqué de la FIFA. « Nous pensons que le docteur Carrard est la bonne personne pour faire avancer le processus de réformes en tant que président indépendant, avec un bilan éprouvé dans les réformes de gouvernance », a expliqué Sepp Blatter.
La « bonne personne », indépendante et crédible. Mieux: un habitué des situations de crise. François Carrard, avocat de profession, toujours à la tête d’un puissant cabinet installé à Lausanne, a été directeur général du CIO entre 1989 et 2003. Surtout, il a piloté le train de réformes engagées par l’institution olympique après le scandale de corruption des Jeux d’hiver de Salt Lake City en 2002.
A l’évidence, son savoir-faire pour remettre le mouvement olympique en ordre de marche et épousseter son image a séduit la FIFA. Le Suisse l’a expliqué mardi 11 août, dès l’annonce de sa nomination: « La crise de la FIFA est très importante, comparable à ce que j’ai connu avec le CIO de 1998 à 2000. On retrouve les accusations de corruption, des réformes structurelles à mener, les interférences du monde politique ou des sponsors… Il y a des similitudes, même si les situations sont différentes et que le monde a changé depuis 15 ans. J’ai acquis l’expérience d’avoir déjà eu des crises sportives à gérer. »
Avec l’arrivée de François Carrard, la FIFA ne se contente pas d’emprunter le chemin tracé par le CIO. Elle se donne résolument un air olympique. Son comité de réformes, initialement annoncé avec 11 personnes, en comptera finalement 15. Parmi elles, deux des personnalités les plus marquantes du mouvement olympique: Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah, le président de l’ACNO et de la Solidarité olympique, et l’Australien Kevan Gosper, membre du CIO (ancien vice-président).
Chacune des six confédérations composant la FIFA (CAF, Concacaf, Conmebol, OFC, AFC, UEFA) a nommé deux membres, les partenaires commerciaux de la FIFA devant choisir les deux autres. Sheikh Ahmad a été choisi par l’Association asiatique. Kevan Gosper représentera l’Océanie. Côté européen, l’UEFA sera représentée par son secrétaire général, le Suisse Gianni Infantino, et son directeur des affaires juridiques, l’Ecossais Alasdair Bell.
La première réunion du comité de réformes devrait se tenir à la mi-septembre. Au terme du processus, elle est censée proposer à la FIFA, lors de son Congrès électif du mois de février 2016, un « paquet de réformes », dont les plus attendues devraient être une limitation du nombre de mandats et une plus grande transparence du fonctionnement de l’institution.
François Carrard l’a expliqué sans nuance: « Je veux rester éloigné de l’élection à la présidence de la FIFA. Je ne suis candidat à aucune fonction élective. Je veux laisser ce comité à l’écart de toute influence extérieure. » Pas simple. Mais le Suisse y est parvenu au CIO. Alors, pourquoi pas à la FIFA…