La candidature de Rome pour les Jeux de 2024 fait peu parler d’elle, mais elle avance d’un bon pas. Le projet olympique a su rassembler toutes les forces politiques, un consensus peu fréquent en Italie. Il s’est trouvé un leader respecté et charismatique, Luca di Montezemolo, l’ancien patron de Ferrari. Et il a confié la direction générale du comité de candidature à une femme, Claudia Bugno, connue en Italie pour avoir dirigé l’une des plus grandes banques du pays. Elle a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Comment avance le projet olympique de Rome pour les Jeux de 2024?
Claudia Bugno: Très bien. Nous avons d’abord travaillé à obtenir le soutien du gouvernement et de la présidence de la République. Nous l’avons. Les autorités du pays sont à nos côtés, sans réserve. Surtout, ce projet olympique rassemble toutes les forces politiques. Il fait consensus. Tous les partis nous accompagnent. Les écolos, par exemple, sont à fond derrière nous, ils ont même monté un observatoire pour travailler avec nous sur les questions d’environnement.
A un mois du dépôt des candidatures, quels sont les dossiers prioritaires du comité de candidature?
Les sites de compétition. Nous travaillons sur le dispositif olympique, avec l’ambition de proposer des Jeux compacts, en ville, qui changeraient pour toujours le visage de Rome. Nous devons encore décider du lieu où construire le village des athlètes. La meilleure option serait Tor Vegata, l’université de Rome, un quartier où l’héritage des Jeux serait considérable. Il est acquis que le Foro Italico (notre photo) constituerait le coeur du dispositif, avec notamment la piscine et le stade d’athlétisme. Nous utiliserons peut-être le centre d’exposition de Rome sud. Et, bien sûr, nous proposerons plusieurs sites temporaires.
Comment est perçue cette candidature par la population romaine?
Les habitants de Rome ont compris que les Jeux en 2024 pourraient améliorer leur qualité de vie. Ils ont compris que l’héritage des JO serait durable et bénéfique. Nous insistons beaucoup sur ce point, Luca di Montezemolo notamment. Cet héritage est déjà visible: les bureaux de Rome 2024 sont installés au Foro Italico, dans un bâtiment historique qui a été rénové pour l’occasion.
Le chiffre de 10 millions d’euros a été annoncé comme étant votre budget de candidature. N’est-ce pas insuffisant?
C’est peu, en effet. Nous ne voulons pas voir trop grand. Mais cette somme correspond aux fonds publics dont nous pourrons disposer pour la candidature. Nous y ajouterons des aides privées. Luca di Montezemolo va y travailler, plusieurs opérations de collectes de fonds sont prévues pour augmenter nos ressources.
Rome était candidate pour les Jeux de 2020, mais elle a jeté l’éponge en pleine campagne, à plusieurs mois du vote. En quoi le projet 2024 est-il différent du précédent?
Depuis la dernière élection, le CIO a changé, les règles ne sont plus les mêmes. Aujourd’hui, il est primordial de mettre en avant sa vision des Jeux. Cette nouvelle donne a pour effet de moins stresser les villes candidates. Et puis, l’Italie n’est plus dans la même situation économique qu’à l’époque de la campagne pour les Jeux de 2020. Le pays a entrepris des réformes, il se relève. La crise est passée, nous en sommes en train de nous reconstruire.
L’Italie d’aujourd’hui a donc les moyens d’organiser des Jeux olympiques?
Oui. Mais il est important de comprendre le contexte de cette candidature. 2025 est une année jubilaire pour l’Eglise catholique en Italie. L’événement va attirer un très grand nombre de visiteurs en Italie. Le réseau de transport va être modernisé et renforcé, un aéroport va être construit… D’un point de vue pratique, il existe beaucoup de similitudes entre les Jeux en 2024 et le Jubilé l’année suivante, notamment pour la sécurité, la logistique. Un grand nombre de réalisations prévues dans notre dispositif se feront, que nous ayons les Jeux ou pas.
Vous êtes aujourd’hui la seule femme à la tête d’une candidature olympique. Et plusieurs de vos soutiens sportifs sont des femmes, dont Sara Simeoni, Fiona May ou Valentina Vezzali. Peut-on en conclure que Rome va jouer la carte des femmes dans sa campagne pour les Jeux?
Mon expérience professionnelle m’a permis de me construire un solide réseau parmi les femmes les plus en vue de l’Italie, dans le secteur public comme dans les entreprises privées. Je vais m’en servir. Je trouve qu’il est plus facile de travailler avec les femmes. Elles sont plus pratiques, plus simples et transparentes. Nous allons jouer cette carte, bien sûr. Mais je veux surtout, grâce à cette candidature, faire quelque chose qui change ma ville pour les prochaines générations. Cette candidature peut être un tournant dans l’histoire de Rome.