Le scrutin s’annonçait très serré. Indécis jusqu’au bout, prévoyait la rumeur. Son résultat n’a pourtant pas laissé de place au doute. Sebastian Coe est devenu, mercredi 19 août à Pékin, le sixième président de l’histoire de l’IAAF. Le Britannique a devancé son rival ukrainien, l’ancien perchiste Sergueï Bubka, avec un écart plus large que prévu: 115 voix pour Coe, 92 pour Bubka. Rien à dire.
« L’un des moments les plus forts de ma vie », a avoué un Sebastian Coe visiblement très ému, au moment de monter à la tribune, quelques minutes seulement après l’annonce du résultat. Avant de suggérer, s’adressant à l’assemblée: « Chers amis, il n’y a pas de tâche dans ma vie à laquelle j’ai été aussi bien préparé. Il n’existe aucune fonction que je désirais plus que celle-là. »
Lancés depuis de longs mois dans une interminable campagne, les deux candidats ont eu droit à seulement 5 minutes, ce mercredi matin, pour y mettre le point final. Le tirage au sort avait appelé Sergueï Bubka a s’exprimer le premier. L’Ukrainien a semblé nerveux, forçant ses sourires, récitant sans aisance un discours appris par coeur. Il a évoqué sa passion pour l’athlétisme, insisté sur la nécessité de toucher la jeunesse, martelé l’obligation d’une tolérance zéro en matière de lutte antidopage. Sérieux mais sans éclat.A sa décharge, l’ancien perchiste parlait en anglais, pas vraiment sa langue natale.
Sebastian Coe l’a suivi de près. Plus à l’aise, le Britannique a su parler aux fédérations, c’est à dire aux votants, assurant d’une voix posée que le développement de l’athlétisme se jouerait avec elles, à leurs côtés, non pas seulement depuis les bureaux monégasques de l’IAAF. Puis il a rappelé, à ceux qui l’auraient oublié, combien ont été réussis, rentables et légendaires les Jeux de Londres en 2012. Ses Jeux de Londres. Son oeuvre.
Ces quelques minutes de présentation ont-elles été décisives? A en juger par le score, certainement pas. Sebastian Coe avait remporté la mise avant même de monter à la tribune. Sa campagne avait assuré l’essentiel. Son équipe de candidature, menée par l’influent Mike Lee, patron de l’agence Vero Communications, avait serré les derniers boulons. En promettant d’allouer aux fédérations nationales la moitié des revenus versés par le CIO au titre des Jeux olympiques, le Britannique a brossé les votants dans le sens du poil.
A peine élu, Sebastian Coe s’est plié avec un certain savoir-faire aux règles de la conférence de presse. Il a rappelé son passé dans l’athlétisme, depuis ses débuts de coureur à 11 ans dans un club de quartier, remercié son équipe de campagne, avec laquelle il a cumulé en avion « 700 000 kilomètres depuis Noël dernier », rendu hommage à Lamine Diack, son « président spirituel », et assuré qu’il se battrait pour la « tolérance zéro » sur la question du dopage.
Sebastian Coe a promis d’être un président de l’IAAF à temps plein, déterminé à étendre encore la toile d’araignée d’une Fédération qui a gagné deux nouveaux membres, le Kosovo et le Soudan du Sud. « Notre produit est l’athlétisme, mais notre activité est celle du spectacle », a suggéré le Britannique, avant d’expliquer qu’il souhaitait faire évoluer le calendrier international afin de le rendre mieux compréhensible par le grand public.
Pour Sergueï Bubka, le coup est rude. Largement battu en 2013 pour la présidence du CIO, l’Ukrainien encaisse un deuxième revers consécutif. La veille, il se disait confiant. Ses propres calculs le donnaient gagnant. Mais, comme souvent en pareille circonstance, certains de ses soutiens avaient aussi promis leur vote à son rival britannique. Tout juste pourra-t-il se consoler avec l’un des quatre postes de vice-président, un scrutin où le Français Bernard Amsalem a été recalé, recueillant 108 voix au deuxième tour. Sergueï Bubka y a obtenu 187 voix. Il devance le Qatarien Dahlan Al Hamad (159), le Camerounais Hamad Kalkala Malboum (115), et le Cubain Alberto Juantorena (111).