Coup de tonnerre. A moins d’une année de l’ouverture des Jeux de Rio, une fédération internationale d’un sport olympique monte au créneau pour critiquer sans nuance les organisateurs brésiliens. Pas la moindre, puisqu’il s’agit de la FINA, l’institution à la tête de la natation et de ses différentes disciplines. Son président, l’Uruguayen Julio Maglione, par ailleurs membre du CIO, a rédigé un courrier à l’adresse du maire de Rio, Eduardo Paes. Une lettre où il évoque, au nom de la FINA, un « manque de respect » des Brésiliens pour la natation, et détaille tous les griefs de sa fédération à l’encontre du comité d’organisation.
Le courrier de la FINA est daté du lundi 14 septembre 2015. Il a déjà circulé parmi plusieurs dirigeants de la Fédération internationale. L’agence de presse américaine Associated Press en a obtenu une copie. « Les récentes décisions de Mr. Eduardo Paes mettent à mal l’image et les valeurs de la FINA et de ses disciplines, écrit Julio Maglione. La situation démontre un évident manque de respect quant aux demandes de la FINA concernant les sites de compétition, elle met en péril la sécurité des nageurs et aura un effet négatif sur les performances des athlètes. »
Que reproche concrètement la FINA au maire de Rio et aux organisateurs des Jeux? Plusieurs choses.
Première pomme de discorde: la piscine olympique. A Londres, la capacité du centre aquatique avait été portée à 17.500 places. A Rio, il a été décidé d’en réduire la taille, essentiellement par souci d’économies. Le centre aquatique devrait pouvoir recevoir 12.500 à 13.000 spectateurs. « Insuffisant », martèle le président de la FINA, convaincu qu’un tel retour en arrière risque de diminuer la couverture médiatique des épreuves olympiques de natation et perturber le travail des journalistes.
Autre grief: le complexe de plongeon et water polo (notre photo). A l’origine, les Brésiliens avaient projeté de le couvrir d’un toit. Une idée abandonnée, elle aussi pour ne pas gonfler la facture des constructions olympiques. A l’évidence, la FINA n’a pas apprécié. Dans son courrier, Julio Maglione assure que les compétitions de plongeon et de water polo à ciel ouvert feront courir un danger aux athlètes. Le vent, notamment. Pour les plongeurs, la risque semble réel. Pour les poloïstes, on comprend moins. Difficile, en effet, d’imaginer la bourrasque emporter leurs bonnets de bain.
Enfin, le président de la FINA appuie fort là où ça fait mal. Il relance la polémique sur la pollution dans la baie de Rio de Janeiro, où doivent se dérouler les épreuves de natation en eau libre. Julio Maglione attend des Brésiliens qu’ils réalisent au plus vite des tests poussées sur les risques de virus encourus par les nageurs.
Selon Associated Press, l’ex roi du sprint mondial, le Russe Alexander Popov, se serait alarmé lui aussi de la situation, évoquant un inquiétant « retour en arrière » pour la natation aux Jeux. Vladimir Salnikov, champion olympique du 1.500 m en 1980 et 1988, aujourd’hui président de la fédération russe de natation, emboîterait lui aussi le pas de Julio Maglione, exigeant des Brésiliens qu’ils règlent au plus vite le problème.
A Rio, la missive de la FINA a été reçue comme un coup d’épée dans le dos. Les autorités de la ville ont répondu par un communiqué, où elles insistent sur la nécessité pour les Jeux de respecter trois règles fondamentales: l’héritage, l’utilisation « responsable » des fonds publics, et enfin l’obligation de terminer les travaux dans les temps.
Jusqu’où ira la polémique? Difficile de répondre. Mais il se pourrait bien que le courrier de la FINA réveille les griefs de certaines autres fédérations internationales, jusque-là très prudentes dans leurs commentaires sur la situation de leur discipline aux Jeux de Rio.