Très forts, ces Japonais. Très surprenants, surtout. Le comité d’organisation des Jeux de Tokyo a pris tout le monde par surprise, ce lundi 28 septembre, au moment de l’annonce des nouveaux sports proposés au programme des JO de 2020. On en attendait deux ou trois, guère plus. Ils seront finalement cinq. Pas moins de cinq fédérations internationales retenues, sur les huit qui figuraient depuis le mois de juin dernier dans la liste des finalistes: baseball et softball, karaté, escalade, surf et roller. Les trois recalés: le squash, une nouvelle fois, le bowling, pourtant très populaire au Japon, et le wushu, présenté en démonstration aux Jeux de la Jeunesse à Nankin en 2014.
Le comité d’organisation l’a annoncé ce lundi lors d’une conférence de presse à Tokyo. Une annonce complétée par le détail des disciplines et, surtout, du nombre des nouveaux athlètes qu’une telle modification du programme ferait entrer aux JO de 2020. Le tournoi de baseball concernerait 6 équipes de 24 joueurs, soit 144 athlètes. Son pendant féminin, le softball, compterait lui aussi 6 équipes, mais avec seulement 15 joueuses par pays, soit 90 athlètes. Au total, 234 nouveaux venus aux Jeux. C’est beaucoup.
A l’escalade, la discipline retenue par les Japonais est le combiné bloc, difficulté et vitesse. Une épreuve pour les garçons, une autre pour les filles, 20 compétiteurs de chaque côté, soit 40 nouveaux. Correct. Pour le karaté, le comité de sélection n’a pas fait dans l’économie: 2 épreuves en kata (hommes et femmes), 6 autres en kumite (3 catégories de poids pour chacun des deux sexes), soit un total de 80 combattants. Aïe.
En roller, où les disciplines choisies concernent le skateboard, les choses se présentent de la même façon: deux épreuves en « street », une pour les garçons, une pour les filles, plus deux autres en « park ». Vingt compétiteurs par discipline, soit 80 athlètes. Enfin, le surf ferait presque figure de petit joueur avec ses 40 surfeurs, 20 garçons et 20 filles, tous concernés par une seule discipline, le shortboard.
A l’arrivée, les Japonais n’ont peur de rien: ils proposent au CIO de faire de la place dans le programme des Jeux de Tokyo pour 474 nouveaux athlètes, invités à se produire dans 18 épreuves nouvelles. Dans un communiqué publié immédiatement après l’annonce de sa décision, le comité d’organisation des Jeux de Tokyo explique que « cette combinaison d’épreuves représente à la fois des sports traditionnels et des sports émergents, populaires auprès de la jeunesse, aussi bien au Japon qu’internationalement ».
A ce stade du processus, les cinq fédérations internationales n’ont pas encore vraiment le droit de se déclarer « olympiques ». Et pas non plus tout à fait intérêt. Les Japonais en sont seulement à « recommander » des nouveaux sports. La décision finale reviendra au CIO. Elle sera prise par l’ensemble de ses membres, en août prochain, pendant la session organisée à Rio de Janeiro en marge des Jeux de 2016.
Comment réagiront-ils face à la largesse du choix japonais? Pas simple. Le CIO se retrouve un peu face à la quadrature du cercle. Il lui faut respecter les résolutions de son Agenda 2020 en donnant plus de souplesse au programme, donc en laissant entrer un maximum de nouveaux sports. En même temps, il n’est plus question pour Thomas Bach et les siens d’augmenter la taille des Jeux, notamment en termes de participation des athlètes.
En validant par un vote d’enregistrement, en août prochain, les recommandations des organisateurs japonais, le CIO se trouverait contraint d’écarter des Jeux de Tokyo un peu moins de 500 athlètes dans des disciplines déjà présentes. Il devra pour cela s’armer d’une machette et couper dans le gras du programme actuel. Au risque de mécontenter les fédérations internationales, très inquiètes de leur sport. A l’inverse, retoquer les propositions des Japonais imposerait au CIO de faire les choix à leur place et, surtout, d’en justifier les raisons. Dans tous les cas, la prochaine session de l’organisation olympique s’annonce passionnante.