Le retour en grâce de l’athlétisme russe passera-t-il par ses femmes? Au moins trois d’entre elles, et non des moindres, semblent déterminées à passer à l’offensive après la suspension provisoire de leur fédération, déclarée en fin de semaine passée par l’IAAF après les révélations d’une enquête de l’AMA sur les allégation de dopage.
Yelena Isinbayeva, la recordwoman du monde du saut à la perche, et Anna Chicherova, la championne olympique de la hauteur en 2012 (notre photo, de gauche à droite), ont pris les devants lundi 16 janvier à Moscou. Accompagné d’un autre grand nom de l’athlétisme russe, le hurdler Sergey Shubenkov, champion du monde en titre du 110 m haies, elles ont tenu une conférence de presse pour dénoncer une suspension jugée « injuste » pour les athlètes.
« Pourquoi des sportifs comme moi, des sportifs « propres », devraient pâtir de ceux qui ont eu des pratiques malhonnêtes?, a interrogé Yelena Isinbayeva, la plus prolixe du trio. Ce n’est pas honnête à l’égard des sportifs. J’ai réellement été sous le choc en apprenant la nouvelle de la suspension décrétée par l’IAAF. Dick Pound (le président de la commission d’éthique de l’AMA, ndlr) a dit que j’étais une victime du système. Mais je ne suis pas une victime du système, je suis en dehors du système. »
Selon l’AFP, la perchiste a admis qu’il existait actuellement des « des discussions dans les milieux sportifs » sur la possibilité de voir les athlètes russes défiler aux Jeux de Rio sous la bannière olympique, tout en indiquant ne pas savoir « si cela est possible ». Puis la double championne olympique, en course pour une éventuelle 5ème participation aux Jeux l’an prochain à Rio, a martelé: « Mais nous voulons chanter notre hymne national. »
Yelena Isinbayeva et Anna Chicherova ne veulent pas rester les bras croisés en attendant que leurs dirigeants règlent l’affaire à leur manière. Elles mènent la fronde. Les deux jeunes femmes pourraient même aller plus loin. La première des deux sauteuses russes a expliqué en ce début de semaine à l’agence Tass qu’elle ne serait pas opposée à l’idée de briguer la présidence de la Fédération russe d’athlétisme (ARAF) après les Jeux de Rio. Elle aura alors mis un terme à sa carrière d’athlète et se dit prête à envisager « toutes les propositions de reconversion », y compris le poste suprême. Yelena Isinbayeva s’est aussi déclarée, dès le mois dernier, candidate à la commission des athlètes du CIO lors des prochaines élections, organisées l’an prochain dans le village olympique à Rio de Janeiro.
Une autre athlète russe de renom a pris position pour les élections à la présidence de l’athlétisme russe. Svetlana Masterkova, championne olympique du 800 et 1500 m aux Jeux d’Atlanta en 1996, a déjà annoncé sa candidature à la présidence de l’ARAF. Elle veut y incarner une forme de renouveau, redonner la parole aux athlètes et chasser les bureaucrates, responsables à ses yeux d’un système rongé par la corruption et la triche.
Une première élection à la présidence de la Fédération russe d’athlétisme doit se tenir le 16 janvier 2016. Elle visera à désigner un successeur à Vadim Zelichenok, l’actuel titulaire du poste, invité à assurer un intérim après la suspension de Valentin Balakhnichev, qui avait présidé l’ARAF depuis 1991 avant d’être poussé sans ménagement vers la sortie au cours de l’été dernier. Les candidatures seront reçues jusqu’à la mi-décembre 2015, elles devront être soutenues par au moins une fédération régionale de Russie. Une deuxième élection devra ensuite être organisée, au plus tard six mois après la fin des Jeux de Rio. Yelena Isinbayeva pourrait en être l’une des curiosités.