La messe est dite. Et elle laisse perplexe. La commission d’éthique de la FIFA a rendu son verdict, ce lundi 21 décembre à Zurich, dans l’affaire du désormais fameux chèque de 1,8 millions d’euros versé en 2011 par Sepp Blatter à Michel Platini. Un verdict tranchant comme la lame. Les deux hommes sont suspendus huit ans de toute activité liée au football. Ils pourront, au mieux, taper dans la balle dans leur propre carré de pelouse, mais guère plus.
Pour Sepp Blatter, le verdict se révèle somme toute anecdotique. Pour le Suisse, démissionnaire de son mandat de président de la FIFA après 17 ans de règne, l’horizon était déjà bouché. Il fêtera en mars 2016 ses 80 printemps. Un bon âge pour quitter la scène politique. Michel Platini, en revanche, peut en vouloir à la terre entière. La peine infligée par la commission d’éthique de la FIFA le condamne non seulement à renoncer à sa fonction de président de l’UEFA, mais aussi à abandonner toute idée de succéder à Blatter à la tête du football mondial.
Curieusement, les juges de la commission d’éthique, dirigée par Vanessa Allard, n’ont pas retenu les charges de corruption. La justice interne de la FIFA a estimé que les deux hommes avaient « abusé de leur pouvoir ». Elle les a jugés coupables de « conflit d’intérêt » et « gestion déloyale ». Tout aussi curieusement, Michel Platini a en outre écopé d’une amende de 80.000 francs suisses (environ 74.000 euros), plus élevée que celle que devra payer Sepp Blatter, 50.000 francs suisses (46.295 euros). On peine à comprendre.
Le verdict de la commission d’éthique n’a pas surpris Michel Platini. Le Français avait compris depuis plusieurs jours que son sort était scellé. Il avait renoncé à se rendre à Zurich, vendredi dernier, pour y être auditionné, convaincu que cette dernière marche avant l’échafaud ne changerait pas la donne. L’ancien numéro 10 était représenté par son avocat parisien, Me Thibaud d’Alès. Sepp Blatter, lui, jouait volontiers les fanfarons, multipliant les déclarations d’innocence et les aveux de confiance. L’aîné à entraîné le plus jeune dans sa chute. Triste spectacle.
A peine condamné, Sepp Blatter a fait savoir qu’il allait faire appel auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS). « Je peux le confirmer, oui », a déclaré à l’AFP le porte-parole du dirigeant suisse, Klaus Stoelker. L’appel ne devrait pas changer grand-chose au cours de l’histoire. Mais il pourrait laisser supposer que Sepp Blatter n’a pas renoncé à exercer encore des fonctions dans le football, une perspective qui fait froid dans le dos.
Quid de Michel Platini? En théorie, le Français peut lui aussi contester le verdict. Il peut faire appel de la décision devant la Chambre de recours de la FIFA, mais cette démarche semble vouée à l’échec tant il est difficile d’imaginer qu’une entité de la FIFA s’oppose à une autre. Dans un deuxième temps, Michel Platini pourrait saisir le TAS. Mais il l’a déjà fait dans la même affaire, avec un résultat très décevant.
Reste une question: à qui profite le crime? Sans Michel Platini, l’élection à la présidence de la FIFA se jouera entre cinq hommes: Gianni Infantino, Cheikh Salman, Jérôme Champagne, Tokyo Sexwale et Ali bin Al-Hussein. Le retrait forcé du Français fait les affaires de tous, en excluant de la course le candidat annoncé favori. Au plus malin d’entre eux, désormais, de retourner la situation en sa faveur.