Dixième épisode: le Français Tristan Lavier, manager de la communication internationale au comité d’organisation des Jeux de Tokyo en 2020.
FrancsJeux: Quel a été votre parcours dans le mouvement sportif international?
Tristan Lavier: Il se résume pour l’instant à un projet que j’ai vu naître puis grandir : les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020, depuis le début de la candidature jusqu’à l’élection et, désormais, l’organisation. Parti au Japon en 2011 en tant que journaliste, je pensais faire découvrir ce pays à mes compatriotes au fil de l’actualité. Les rencontres et opportunités ont fait que j’ai rejoint l’agence Weber Shandwick pour véhiculer les messages de Tokyo, alors candidate, auprès du monde entier. Notre mission était d’établir et de maintenir un flot constant de couverture médiatique positive mondiale pour Tokyo et de contribuer à l’élaboration de la stratégie de communication. Il s’agissait également de conseiller le comité de candidature dans les situations de crise et de préparer chaque porte-parole à faire face aux médias. L’ultime objectif étant d’assurer que le jour de l’élection, Tokyo soit perçue comme la ville la plus à même d’accueillir les Jeux de 2020. Parmi les nombreux souvenirs de ce marathon de deux ans, ressortent ceux associés à la préparation de la partie française du discours final et l’enthousiasme qu’il suscita auprès du public.
Quel est aujourd’hui votre rôle?
J’ai rejoint le comité d’organisation des Jeux de Tokyo. En tant que manager de la communication internationale, je contribue à gérer la présence de Tokyo dans les médias, sur internet et les réseaux sociaux, je pense les campagnes de promotion et leur contenu, je garantis la bonne perception des actions du comité et protège sa réputation. La communication des Jeux est avant tout un immense travail d’équipe qui requiert la collaboration de tous les acteurs : comité d’organisation, mairie de Tokyo, gouvernement du Japon, comités nationaux olympique et paralympique, et bien sûr le CIO et le comité international paralympique.
Que représente à vos yeux la francophonie sportive?
Enormément. Mon expatriation m’a fait entrer dans la grande famille de la Francophonie. J’ai pu prendre conscience que le français transcendait le simple outil linguistique. La langue française véhicule avec elle un caractère, une culture, une philosophie, et même une aura. C’est en partie grâce à la langue française et à son statut privilégié de langue officielle du mouvement olympique que j’ai fait mes débuts à Tokyo 2020. Etant pour le moment le seul français et francophone du comité, je me sens redevable. Et je suis fier que Tokyo 2020 ait, depuis sa création, toujours mis l’anglais et le français sur un pied d’égalité. Il est crucial de défendre la place du français, de communiquer de manière proactive et rationnelle, d’une seule et même voix et à tous les niveaux. Ne parler de la place de la langue française qu’en français et qu’aux francophones revient à « prêcher des convertis » et limite la portée et l’impact des actions.
Qu’attendez-vous des Jeux de Rio en 2016?
J’ai les mêmes objectifs que Tokyo 2020 : apprendre et surprendre. Apprendre d’abord, en étudiant en coulisses les rouages qui font tourner l’énorme machine que sont les Jeux olympiques et paralympiques, et en tirer de riches enseignements qui nous aideront à mener à bien notre projet. Surprendre ensuite, car au moment même où les Jeux de Rio s’achèveront, les projecteurs se braqueront sur Tokyo. Nous devons donner une excellente première impression et faire en sorte que le les athlètes et le public quittent le Brésil impatients de découvrir ce que nous leur réservons.