Les autres villes candidates sont prévenues: Rome 2024 a déniché avec Luca di Montezemolo, le président de son comité de candidature, un personnage au charisme évident, à la réputation planétaire et au sens consommé de la communication. L’ancien patron de l’écurie Ferrari ne connait pas la langue de bois. Tant mieux.
Invité lundi 11 janvier du Club de la presse étrangère à Rome, Luca di Montezemolo s’est exprimé sans retenue sur le projet olympique de la capitale romaine. Une intervention qui, sans grande surprise, a permis d’en apprendre beaucoup sur la candidature de Rome aux Jeux de 2024. Son budget, sa vision et même certains de ses détails.
Les sous, d’abord. Les Italiens ne veulent pas casser leur tirelire. Ils le disent haut et fort. « Notre budget de candidature s’élève à 24,9 millions d’euros », a expliqué l’Italien. Pourquoi pas 25 millions, histoire de citer un chiffre rond? Mystère. Une chose est sûre: il devrait être le plus faible des quatre villes en course pour les Jeux de 2024. « Nous sommes nettement en dessous », a suggéré Luca di Montezemolo, en référence aux chiffres avancés par Paris (60 millions d’euros de budget de campagne) et Los Angeles. Précision du dirigeant italien: 5 millions d’euros seront apportés par des fonds privés, le reste venant de subventions publiques, gouvernement et comité olympique italiens notamment.
Les idées, ensuite. Luca di Montezemolo l’a expliqué aux médias étrangers: la flamme olympique pourrait débuter son parcours dans l’île sicilienne de Lampedusa, dans l’éventualité où le CIO choisisse d’accorder à Rome l’organisation des Jeux d’été en 2024. « Un signe fort envoyé en direction du sud, a précisé l’Italien. Et une façon de mettre un avant l’un des sujets les plus débattus du moment en Europe, la question des migrants ». Pas bête.
Lancé comme un avion, Luca di Montezemolo a également avancé que l’organisation des JO pourrait « nettoyer le terrain » et préfigurer déjà la Rome de demain. L’événement olympique pourrait servir à envoyer aux oubliettes une Italie gangrenée par la mafia et l’aider à repartir de l’avant, sur des bases plus saines, après des années marquées par les scandales de corruption dans sa capitale. « Rome a besoin d’un grand défi à relever, dit-il. Les Jeux peuvent constituer ce challenge tellement important. Sans un événement de la taille des JO, il est difficile d’impliquer les pouvoir publics et la périphérie de la ville. »
Autre sujet d’actualité: le référendum. La semaine passée, un groupe politique de gauche, Radicali Italiani, a appelé les autorités italiennes à soumettre le projet olympique à une consultation populaire. Réponse du patron de Rome 2024: pas question. « Nous sommes habitués à travailler et négocier avec les institutions, a assuré Luca di Montezemolo. Je ne vois donc aucune nécessité à organiser un référendum sur la question des Jeux olympiques. Si certains veulent se faire de la publicité en pleine campagne électorale, laissons les faire. »
Luca di Montezemolo se rendra avec l’équipe de Rome 2024 à Lausanne, le 21 janvier, au siège du CIO. Il sera notamment accompagné de Matteo Renzi, le Premier ministre italien. Il n’est pas difficile de deviner déjà lequel des deux se montrera le plus bavard.