A trois semaines de l’élection à la présidence de la FIFA, une question se pose dans les couloirs de l’organisation, sur les hauteurs de Zurich: qui dirige aujourd’hui la manœuvre? Quel dirigeant mène le jeu et tire les ficelles? Officiellement, Issa Hayatou. Le patron du foot africain a été intronisé président par intérim au bénéficie de l’âge après la suspension de Sepp Blatter. Mais dans les faits, un autre personnage semble avoir enfilé la tenue d’arbitre dans la course à la présidence de la FIFA. Son nom: Vitaly Mutko.
A ceux qui doutaient encore de l’influence du ministre russe des Sports, une information révélée par l’agence Tass lève les dernières réserves. Vitaly Mutko l’a annoncé mercredi 3 février à une poignée de journalistes: une réunion présentée comme secrète se tiendra le 17 février entre les cinq candidats à la succession de Sepp Blatter. Son lieu n’a pas été dévoilé. Pas encore. Mais le dirigeant russe en serait à l’origine.
L’information n’est pas anodine. Elle intervient quelques jours après que la Fédération russe ait annoncé haut et fort son soutien à Gianni Infantino, le secrétaire général de l’UEFA, candidat présumé du bloc européen pour la présidence de la FIFA. Vitaly Mutko l’a rendu publique après avoir rencontré Infantino à Moscou, où l’Italo-Suisse était venu assister à la présentation officielle de la mascotte de la Coupe des Confédérations en 2017.
Mais, détail révélateur de son influence, l’idée d’une réunion entre les cinq postulants aurait été émise à l’occasion d’un entretien téléphonique entre Vitaly Mutko et Sheikh Salman, le candidat du Bahreïn, souvent présenté depuis quelques semaines comme le favori. « J’ai reçu aujourd’hui un appel de Sheikh Salman et nous avons discuté de cette question, a expliqué le dirigeant russe. Nous avons parlé d’une réunion le 17 février, où tout le monde sera assis autour de la table. Nous pourrons discuter ouvertement des soutiens à donner aux uns et aux autres. Mais il ne fait aucun doute dans mon esprit qu’il serait préférable qu’il y ait un seul candidat pour l’Europe et l’Asie. Ses chances seraient plus fortes. »
La réunion aura-t-elle lieu? Les cinq postulants y prendront-ils part? Affaire à suivre. Mais il parait peu probable qu’une telle rencontre, à huit jours du scrutin, permette d’éclaircir le paysage et de réduire la course à deux ou trois rivaux. Selon le site Insideworldfootball, Jérôme Champagne n’aurait pas encore été informé de la réunion du 17 février. Le Français avait pourtant été le seul des cinq candidats à accepter l’idée d’un débat électoral, proposée successivement par les chaînes de télévision ESPN et BBC, ainsi que par le Parlement européen.
Vitaly Mutko serait donc l’homme de l’ombre d’une course à la présidence de la FIFA plus obscure que jamais. Le dirigeant russe se montre volontiers cumulard. Ministre des Sports, il préside également la Fédération russe de football et siège au comité exécutif de la FIFA. Homme fort de la candidature de la Russie pour le Mondial 2018, il en jouera à coup sûr le premier rôle. L’homme de l’ombre. Pour l’instant.