La journée a été longue. Son scénario longtemps indécis. Mais une fumée blanche a fini par s’élever au-dessus de la cheminée de la FIFA, ce vendredi 26 février 2016, en fin d’après-midi. Habemus président. Le monde du football n’est plus orphelin. Alléluia. Résultat presque troublant: le nouveau venu est suisse. Comme le précédent. En raflant 115 voix au 2ème tour du scrutin, contre 88 à son principal rival, le cheikh Salman du Bahreïn (plus seulement 4 au Prince Ali de Jordanie et aucune pour Jérôme Champagne), Gianni Infantino succède à Sepp Blatter. Un Suisse chasse l’autre. Les deux hommes sont nés à 10 km de distance. Très fort.
Le nouveau boss de la FIFA n’aura pas à faire beaucoup de route pour s’installer dans ses nouvelles fonctions, à Zurich. Originaire de Brigue, dans le Valais, ce fils d’émigrés italiens faisait jusque-là profession de secrétaire général de l’UEFA, à Nyon. Un familier des lieux, donc. Pas forcément un désavantage.
Reconnaissable entre tous, avec son crâne luisant et son faux-air de l’arbitre italien Perluigi Collina, Gianni Infantino est souvent décrit par ses proches comme un passionné saisi dès l’enfance par le virus du ballon rond. Le quotidien suisse Le Nouvelliste raconte que, employé au kiosque de sa maman, « il dévorait la Gazetta dello Sport derrière la caisse enregistreuse et entre deux révisions pour ses examens de droit. A l’école primaire déjà, il confiait dans une rédaction qu’il voulait devenir soit footballeur soit avocat ».
Déterminé, il a préféré ne pas choisir. Mais, s’il s’est révélé un joueur moyen, l’Italo-Suisse est devenu un brillant homme de loi. Il a débuté sa carrière dans l’administration du sport au CIES, le Centre international d’études du sport, à Neuchâtel. Il s’y fait un petit nom comme juriste du football, avant de rejoindre l’UEFA en 2000, comme chargé de questions juridiques et commerciales. Quatre ans plus tard, il est nommé directeur de la division Services juridiques, puis directeur du département juridique. En 2009, il change de couloir pour un bureau plus grand et devient secrétaire général.
Son ascension rapide dans les sphères du football européen ne serait pas étrangère à la relation de confiance qu’il entretient avec Michel Platini, le boss de l’UEFA. Les deux hommes se retrouvent sur plusieurs sujets, dont celui du fair-play financier. Gianni Infantino l’explique au site Goal.com en 2011: « En 2009, nous avons réalisé que les clubs des élites européennes (660 clubs) ont perdu 1,2 milliard d’euros en une année. C’est clairement quelque chose qui va conduire le football européen au désastre si nous ne faisons rien. Ce constat est reconnu par nous, par les clubs et ensemble nous avons décidé de changer le futur. »
Présenté comme un personnage sérieux et travailleur, un « homme de dossiers », il sait se montrer à l’aise en public et face aux médias. Une aisance facilitée par son don pour les langues étrangères, point commun à presque tous les dirigeants suisses. Gianni Infantino s’exprime avec un égal bonheur en anglais, français, allemand, espagnol et italien.
Ce père de quatre filles, supporteur assumé de l’Inter Milan, avait résumé son message, avant l’élection, par cette formule: « Quand il y a des périodes difficiles, il faut assumer ses responsabilités et faire ce qu’on croit juste pour la FIFA et pour le football. » Gianni Infantino a été élu ce vendredi jusqu’en 2019. Le temps presse déjà.