Après la Suisse, et en attendant la Suède, un nouveau pays lorgne avec insistance sur les Jeux d’hiver en 2026. Un pays où la question olympique passionne mais divise, fascine mais inquiète: le Canada. Rien n’est encore officiel. Le projet n’en est qu’à son premier souffle. Mais la perspective d’une candidature aux Jeux d’hiver entretient les conversations dans les rues de Québec depuis jeudi 24 mars et une conférence de presse tenue par le maire de la ville, Régis Labeaume.
Détail non sans importance pour la suite des événements, révélé par le premier élu municipal: l’idée de se lancer dans la course aux JO découlerait d’une invitation lancée directement par le CIO. Le 4 décembre dernier, Régis Labeaume a reçu un coup de fil de Lausanne. Au bout de fil, un cadre de l’organisation olympique lui expliquant que Thomas Bach souhaitait le rencontrer en Suisse pour détailler devant lui, en personne, la nouvelle donne issue de l’Agenda 2020.
Le maire de Québec ne s’est pas défilé. Il se rendra à Lausanne le 11 avril 2016, accompagné notamment de Patrice Drouin, le président de la société Gestev, productrice d’événements sportifs. Une visite au siège du CIO que Régis Labeaume a présentée devant la presse, jeudi, comme un premier pas, rien de plus. « Nous ne sommes pas en mode « olympique ». On s’en va écouter. Moi, je ne suis pas encore convaincu », a-t-il précisé sans faire mystère de ses réticences sur une aventure et un projet qu’il a toujours trouvés trop coûteux pour sa ville et sa région.
En attendant, le Québec avance déjà ses pions. Surtout, la ville francophone se sent prête à innover en associant à sa possible candidature le voisin américain. Régis Labeaume est entré en contact avec les élus de trois villes pour jauger leur intérêt : Whistler et Calgary au Canada, Lake Placid dans l’État de New York, aux Etats-Unis. « Une telle alliance permettrait de réduire drastiquement le coût des Jeux », suggère-t-il. La mairesse de Whistler et le maire de Lake Placid se seraient tous les deux montrés intéressés. Le cas de Calgary est plus incertain, la capitale de l’Alberta, hôte des Jeux d’hiver en 1988, réfléchissant à se lancer seule dans l’aventure pour 2026.
Même s’il se défend d’être « convaincu », le maire de Québec a déjà fait ses calculs. En confiant à une autre ville, mieux dotée en infrastructures, les épreuves de saut à ski et de bobsleigh, la note des JO serait réduite de 270 millions de dollars canadiens, soit environ 182 millions d’euros. Régis Labeaume explique également travailler sur une hypothèse d’équipements démontables, notamment pour les ski alpin.
Le maire de Québec prévient: un premier pas sera fait en se rendant à Lausanne le mois prochain. Mais les autres ne dépendent pas seulement de lui. « Dans les prochaines années, si nous décidions de porter notre candidature, il nous faudrait rassembler les conditions suivantes : une acceptabilité forte et indéfectible de la population, le soutien des différents ordres de gouvernement, le respect du cadre financier de la Ville de Québec et des chances très réelles d’être sélectionnés au niveau canadien et par le CIO », a-t-il insisté en conférence de presse.
La route s’annonce longue. La presse canadienne rappelle que, ces dernières années, tous les sondages portant sur les Jeux olympiques dans la région de Québec ont révélé que la population était défavorable à une telle aventure. L’état avait lancé quelques démarches pour les obtenir en 2002 et 2010, avant de faire marche arrière. Mais les temps ont changé. Reste à en convaincre la population.