Paradoxe. La Fédération française de tennis (FTT) est l’objet d’une enquête judiciaire pour des soupçons de malversations et trafic d’influence. Son projet d’extension du stade Roland-Garros n’en finit plus d’être reporté. Mais son fauteuil de président est l’objet de toutes les convoitises. Jean Gachassin, élu une première fois en 2009, réélu en 2013, ne sollicitera pas un nouveau mandat lors de l’assemblée générale élective du 21 février 2017.
Pour lui succéder, la bataille pourrait opposer trois candidats. Deux d’entre eux sont déjà dans la place. Jean-Pierre Dartevelle, l’actuel vice-président, a annoncé mardi 5 avril sa candidature. Bernard Giudicelli, secrétaire général de la FFT, ne fait pas mystère de ses intentions. Le troisième apparaît par contraste comme un outsider, à tous les sens du terme. Alexis Gramblat, 38 ans, avocat de métier et vice-président du Tennis Club de Paris, a été le premier à se déclarer. Il veut incarner une nouvelle voie. Il a détaillé pour FrancsJeux sa vision internationale du tennis.
FrancsJeux: Le nouveau président de la Fédération internationale de tennis, l’Américain David Haggerty, souhaite réformer la Coupe Davis. Partagez-vous sa position?
Alexis Gramblat: Non. Je ne suis pas du tout favorable à l’idée d’en changer la formule, pour l’organiser sur 12 jours ou deux semaines à la façon d’une Coupe du Monde. Peut-être faut-il envisager quelques ajustements, organiser la Coupe Davis seulement une année sur deux, où exempter du premier tour les finalistes de l’édition précédente. Mais je souhaite conserver ses piliers actuels. La Coupe Davis reste l’épreuve qui procure le plus d’émotions. Elle doit conserver son format actuel.
Vous avez déclaré vouloir « défendre Roland-Garros ». Le tournoi parisien serait-il menacé?
Bien sûr. Au moins trois tournois du circuit, Shanghai, Indian Wells et Madrid, prétendent aujourd’hui à être plus que des épreuves estampillées Masters 1000. Ils rêvent d’intégrer le Grand chelem. Les premiers acteurs de notre sport, les joueurs, avouent parfois ne pas être aussi bien accueillis à Roland-Garros que dans certains autres tournois. Pour l’entraînement, notamment. Il faut sortir au plus vite le dossier Roland-Garros de l’ornière. Mais ceux qui prétendent en être capables sont les mêmes qui le conduisent depuis 10 ans.
Un dirigeant extérieur à la FFT, comme vous l’êtes, aurait-il plus de chances d’y parvenir?
Je crois, oui. Il s’est cristallisé, avec le temps, un solide contentieux entre la Fédération et les opposants au projet d’extension de Roland-Garros. Un homme neuf pourrait plus facilement rétablir le dialogue et sortir le dossier par le haut. Les associations hostiles au projet n’ont jamais rencontré l’actuel président, Jean Gachassin. Elles ont discuté avec le directeur général. Elles l’ont mal vécu.
A vos yeux, le dossier Roland-Garros serait une priorité?
Bien sûr. Avec la réforme de la gouvernance de la FFT, il serait prioritaire. Roland-Garros reste la principale source de revenus du tennis français, avec un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros et 100 millions d’euros de résultat. Actuellement, le tournoi accueille 475.000 spectateurs. Mon objectif serait d’aller vers une affluence de 700.000 personnes sur la quinzaine.
La question de la parité hommes/femmes a été récemment l’objet de débats dans le tennis mondial. Qu’en pensez-vous?
Le tennis est un sport éminemment féminin. Il est légitime que les joueuses gagnent autant que les joueurs sur les 8 tournois mixtes du calendrier mondial. Et peu importe qu’elles ne jouent pas en 5 sets, un argument souvent avancé par les partisans d’un « prize-money » inégal entre les deux sexes. Mais la parité doit aussi s’étendre aux instances. Aujourd’hui, le comité directeur de la FFT compte seulement 13 femmes sur 45 membres. Dans ma listes, j’aurai 40% de femmes. Si je suis élu, le secrétaire général de la Fédération sera une femme.
Autre sujet d’actualité: le dopage. Que suggérez-vous sur cette délicate question?
Les tricheurs doivent être sanctionnés, c’est évident. Je crois que les procédures fonctionnent bien, mais les contrôles ne sont pas assez nombreux dans le tennis, surtout hors compétitions. Les joueurs eux-mêmes le reconnaissent. Le dopage existe dans le tennis, c’est certain, mais je crois que le premier fléau de notre sport est ailleurs, dans les matchs truqués et les paris illégaux. Tous les jours, des rencontres de tennis sont arrangées, j’en suis convaincu. Tout cela est très compliqué à détecter. Mais beaucoup de choses se disent et se savent dans le tennis. L’ITF doit s’attaquer très sérieusement au problème en formant une équipe d’enquêteurs présents sur le terrain.