La fête olympique fait des envieux. En nombre croissant. L’un des derniers en date peut surprendre: la Fédération internationale des sports électroniques (IeSF) a entamé un solide travail d’approche auprès du CIO. Elle ambitionne d’être reconnue par le mouvement olympique, première étape vers une possible entrée dans le programme des Jeux. Un vœu pieux? Alex Lim, le secrétaire générale de l’IeSF, assure le contraire. Il l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux: Vous étiez présent à Lausanne, le mois dernier, pour la Convention SportAccord 2016. Pourquoi?
Alex Lim: Nous y venions pour la troisième année. La raison en est simple: nous espérons obtenir prochainement la reconnaissance de notre fédération internationale, l’IeSF, par le CIO. Nous voulons établir des relations de plus en plus proches avec les autres fédérations internationales. Nous avons conclu l’an passé un accord avec l’IAAF. Nous souhaitons multiplier ce genre de partenariats. Entre notre première visite à la Convention SportAccord et la troisième, cette année, le regard du mouvement sportif a beaucoup évolué à notre égard.
Répondez-vous aujourd’hui à tous les critères pour prétendre à une reconnaissance du CIO?
Nous répondons à la majorité d’entre eux. Notre fédération internationale, l’IeSF, existe depuis 8 ans. Nous sommes partis avec 8 pays membres, nous en comptons actuellement 44. Le CIO en exige 50 pour prétendre à une reconnaissance. Nous y serons bientôt. Nous avons mis en place une politique antidopage, nous organisons des championnats du monde…
Aujourd’hui, que pense le CIO des jeux vidéo et de leur présence dans le mouvement olympique?
La question qui se pose au sein du CIO est de déterminer si, oui ou non, les jeux vidéo constituent un véritable sport. La réponse est très partagée parmi les membres du CIO. Aujourd’hui, je dirais que nous en sommes à 50/50.
Comment convaincre les sceptiques?
C’est un travail de longue haleine. J’en suis conscient. Moi-même, j’en ai douté à mon arrivée dans ce milieu. Je viens du mouvement sportif: taekwondo, handball, sport business… A mes yeux, les jeux vidéo n’entraient pas forcément dans le paysage sportif. Mais j’ai observé, étudié, écouté. Aujourd’hui, je n’ai plus le moindre doute. Les adeptes des jeux vidéo possèdent l’esprit sportif, ils doivent entretenir leur condition physique. Philosophiquement, il s’agit bien d’un sport.
Et physiquement?
J’ai joué à l’époque du lycée. Un jeu de tir au pistolet, surtout. Après une longue séance, j’étais plus fatigué qu’après avoir fait du sport. Les études ont démontré que la réaction visuelle des professionnels du jeu vidéo était cinq fois plus rapides que celle des gens normaux.
Que représentent aujourd’hui la pratique et le marché du jeu vidéo?
Ils sont en pleine croissance. En Chine, 200 millions de personnes jouent aux jeux vidéo. Les prévisions estiment à 1 milliard de dollars le marché mondial en 2018. Mais l’argent n’est pas notre première préoccupation. Nous raisonnons plus en termes d’héritage. Au sein de la communauté des jeux électroniques, beaucoup de gens pensent que nous n’avons pas besoin d’une reconnaissance du mouvement sportif. Mais je suis convaincu du contraire. En Afrique du Sud, où la fédération est reconnue par le comité national olympique, un joueur peut obtenir une bourse d’études à l’université.
Avec une telle croissance, et une popularité aussi planétaire, comment expliquer que l’IeSF compte actuellement seulement 44 pays membres?
Nous ne voulons pas précipiter les choses. Nous avons mis en place des critères très stricts pour l’entrée d’une fédération nationale au sein de l’IeSF. Nous voulons que les nouveaux pays membres soient irréprochables en termes de bonne gouvernance, de transparence, de politique antidopage… Nous ne sommes pas pressés, mais très déterminés.