Riccardo Fraccari est un homme impatient. Heureux et impatient. Le président italien de la Confédération internationale de baseball et softball (WBSC) compte les jours qui le séparent de la prochaine session du CIO, organisée à Rio de Janeiro au début du mois d’août, en marge des Jeux de 2016. Un moment qui pourrait se révéler historique pour les deux disciplines de la WBSC. Baseball et softball figurent parmi les cinq sports choisis par le comité d’organisation des Jeux de Tokyo pour intégrer en 2020 le programme olympique, avec le surf, le skateboard, le karaté et l’escalade.
Riccardo Fraccari et la WBSC affichent une légitime confiance. A en croire les bruits de couloir, la session du CIO devrait valider sans réserve ni débat prolongé le choix des organisateurs japonais. Baseball et softball retrouveront le statut olympique qu’ils avaient perdu après les Jeux de Pékin en 2008. Un retour à la normale, donc. Mieux: une forme d’évidence, rien de moins. Le président italien l’a expliqué à FrancsJeux à l’occasion d’une conférence de presse téléphonique: « Les Jeux olympiques ont besoin, à coup sûr, d’un sport de batte et de balle. Il n’en existe pas aujourd’hui dans le programme. » Le cricket pourrait être celui-là, ses dirigeants ont rendu visite au CIO au cours des derniers mois pour un premier travail d’approche, mais il semble nettement distancé dans la course aux Jeux.
Il n’empêche, tout n’est pas réglé pour la WBSC dans sa quête d’un label olympique. Plusieurs questions restent en suspens. Certaines se révèlent importantes.
Le dopage. Un sujet crucial, souvent cité comme l’une des raisons de l’exclusion du baseball/softball après les Jeux de Pékin en 2008. « Le dopage ne constitue pas un problème à nos yeux, tranche Riccardo Fraccari. Nous recensons des millions de joueurs dans le monde. Les quelques athlètes contrôlés positifs sont immédiatement suspendus. Nous agissons de façon très active pour protéger les joueurs propres. » Sans doute. Mais les cas se sont encore multipliés en Major League Baseball (MLB), la ligue pro nord-américaine. Une vingtaine depuis le début de l’actuelle saison.
La présence des meilleurs joueurs. Présent aux Jeux entre Barcelone 1992 et Pékin 2008, le baseball n’a jamais été représenté dans un tournoi olympique par les joueurs de la MLB. Une absence des meilleurs athlètes de la planète qui explique en partie que les Etats-Unis aient décroché une seule médaille d’or, à Sydney en 2000 (contre trois pour Cuba). Le retour de la discipline à Tokyo inverserait-il la tendance? Pas sûr. « Nous y travaillons, nous sommes en discussion avec les dirigeants de la MLB », avance Riccardo Fraccari. A six ans de l’échéance, tout est encore possible, mais la tâche du président de la WBSC s’annonce ardue. « La MLB n’est pas tout dans le monde du baseball, explique-t-il. Nous voulons profiter des Jeux pour montrer l’étendue et l’universalité de notre discipline. On ne joue pas de façon professionnelle seulement aux Etats-Unis. »
Le format du tournoi. Le dossier le plus complexe. Très concerné par la taille des Jeux, le CIO a limité à 500 le nombre de nouveaux athlètes que la modification du programme pourrait autoriser à Tokyo 2020. Le baseball devra composer avec un tournoi au format réduit, composé de seulement six équipes. Le Japon en sera, accompagné sans doute d’un autre pays asiatique, d’une nation européenne et d’une autre représentant l’Afrique et l’Océanie. La zone panaméricaine, la plus riche en équipes du top 15 mondial, ne pourra envoyer que deux formations. Un déséquilibre des forces qui préfigure en 2020 un tournoi olympique aux allures de prototype.
Mais Riccardo Fraccari n’en démord pas: « Nous voulons revenir aux Jeux. Et les Jeux ont besoin de nous. » Au dernier pointage, la WBSC recensait 209 fédérations membres dans 140 pays. L’an passé, les revenus publicitaires du Premier12, un tournoi mondial organisé à Tokyo, ont atteint 116 millions d’euros sur les chaînes de télévision détentrices des droits. Très convaincant.