Réunion au sommet, lundi 30 mai 2016, pour le projet de Paris 2024. A tous les sens du terme. Le « Cercle des partenaires », club très prisé où sont regroupés les entreprises et groupes privés engagés aux côtés de la candidature française, a tenu sa première réunion officielle. Une sorte de G12 du monde économique national, renforcé un peu plus tôt dans la journée par l’arrivée d’un nouveau venu, le 12ème: le groupe de luxe LVMH.
Pour chacun, un même ticket d’entrée, 2 millions d’euros. Le calcul est aisé: 24 millions d’euros ont ainsi déjà alourdi les caisses du comité de candidature. Encore trois gros poissons et l’objectif d’assurer grâce au partenariat la moitié du budget de candidature (60 M€) sera atteint. Une première victoire. A en croire Etienne Thobois, le directeur général de Paris 2024, les trois partenaires encore manquants devraient embarquer avant les Jeux de Rio 2016.
Réunion au sommet, également, car les membres du « Cercle » ont été conviés aux Ombres, un restaurant très chic situé sur une terrasse du Musée du Quai Branly, avec vue dégagée sur la Tour Eiffel. Une belle attention. Et la promesse de prendre toute la hauteur nécessaire pour mettre en perspective une campagne de candidature dont l’issue ne se jouera pas avant le 13 septembre 2017. Commentaire de Stéphane Bazin, le PDG du groupe AccorHotels, cité dans l’Equipe: « Je pense que l’on va gagner. Et si ça ne marche pas, on se regardera en face et on aura le sentiment d’avoir touché ce rêve. »
Réunion au somment, enfin, car les 12 dirigeants d’entreprise ont été rejoints par un invité encore plus haut perché: François Hollande. Soutien de la première heure de la candidature de Paris, le chef de l’Etat était attendu à l’heure du premier plat. Au même moment, les Bleus de Didier Deschamps affrontaient pourtant le Cameroun pour leur avant-dernier match de préparation de l’Euro 2016. Preuve que l’ambition olympique est en train de prendre le dessus sur des enjeux sportifs longtemps jugés très supérieurs.
Commentaire de Tony Estanguet, le co-président du comité de candidature (notre photo, en bas): « Le monde économique est extrêmement important pour nous. Chacun dans leurs domaines, ces groupes ont de l’expertise et vont nous aider à présenter le meilleur dossier au CIO. Nous avons besoin de mobiliser les Français et ces entreprises ont une implication forte en France à travers leurs salariés et leurs réseaux de communication. Des sociétés françaises qui sont dynamiques à l’international, ça vient nous aider dans notre discours. »
Au sommet, tout va bien. Pus bas, sur la terre ferme, l’ambiance se révèle moins apaisée. A 11 jours du début de l’Euro 2016, le climat social reste tendu et houleux. La fronde contre le projet de loi travail, menée par la CGT et Force ouvrière, entre dans son quatrième mois. Une série de nouvelles grèves est attendue cette semaine. Elles devraient toucher les trains et le transport aérien. Inquiétant? Tony Estanguet n’en fait pas mystère: « Nous sommes préoccupés par ça. Nous ne sommes pas là pour nous opposer aux Français. La France est un pays libre, il est bon que les voix s’expriment. En même temps, on continue à défendre les grands événements sportifs, car pour nous ils sont en dehors de la politique et utiles à la société. Même si c’est tendu, si le climat social est compliqué, on pense que le sport doit être séparé de tout ça. »
Légitime. Mais Tony Estanguet le reconnaît: « Il est certain que l’Euro va être observé de très près, les membres du CIO nous en parlent, notamment les enjeux sur la sécurité… Dès le début de notre candidature, nous nous sommes beaucoup positionnés sur une expertise française en organisation d’événements. On a forcément intérêt à ce que ça se passe bien. Mais nous sommes confiants ». Les prochaines semaines pourraient se révéler déterminantes.