Le vent tourne vite en politique. En Italie comme ailleurs. En fin de semaine passée, la perspective d’une victoire de Virginia Raggi aux élections pour la mairie de Rome, dimanche 19 juin 2016, semblait sonner le glas des ambitions olympiques de la capitale. La candidate du mouvement anti-partis Cinq Etoiles, arrivée en tête du 1er tour avec 36% des suffrages, n’a jamais fait mystère de son hostilité à la candidature aux Jeux de 2024. Un projet qu’elle juge trop dispendieux, et surtout peu en phase avec les priorités de son programme électoral.
Mais, par un de ces revirements dont les dirigeants politiques ont le secret, l’avocate italienne n’observe plus du tout avec le même regard méfiant le logo de Rome 2024. Preuve en a été donnée à l’occasion d’un débat télévisé organisé par la RAI 3. Un débat en direct au cours duquel Virginia Raggi était opposée à son adversaire pour le second tour de l’élection, le démocrate Roberto Giachetti, membre du parti du Premier ministre Matteo Renzi.
Interrogée sur la question de l’avenir de la candidature romaine, Virginia Raggi s’est montrée étonnamment favorable. Elle a reconnu, surprise, qu’elle n’avait aucun doute que les Jeux en 2024 puissent constituer un formidable outil de « développement et de croissance » pour Rome et ses environs. Elle a expliqué avoir établi récemment un premier contact avec l’équipe de candidature. En clair, la favorite pour la mairie de Rome ne ferme plus la porte. Elle la laisse même suffisamment ouverte pour laisser entrer Luca di Montezemolo, le patron de Rome 2024, Giovanni Malago, le président du comité olympique italien (CONI), et toute l’équipe du comité de candidature.
Pour autant, Virginia Raggi se veut prudente. Elle l’a expliqué sans ambiguïté pendant le débat de la RAI: « Je veux dire aux Romains que je ne ferai aucune annonce sur les Jeux de 2024 au soir du dimanche 19 juin ». La possible future maire de la capitale entend bien ne pas se précipiter. Elle souhaite adopter sur le dossier olympique une approche très inspirée de celle d’Anne Hidalgo, la maire de Paris: la réflexion avant l’action. « Nous devons étudier le sujet de façon très approfondie », suggère-t-elle. Avant de préciser qu’une décision finale pourrait être prise sur l’avenir de la candidature olympique « entre octobre et novembre ».
L’espoir renaît, dans le camp italien. Mais les prochains mois s’annonce délicats. Dans l’hypothèse d’une victoire de Virginia Raggi dimanche prochain, le comité de candidature devra continuer à mener sa campagne tout en tentant de convaincre la nouvelle équipe municipale de la pertinence du projet. Il lui faudra s’exprimer au futur au sein du mouvement olympique, tout en parlant au conditionnel avec la mairie de Rome. Jamais simple.
Hasard ou pas, l’équipe de Rome 2024 a dévoilé lundi 13 juin une nouvelle vidéo résolument pédagogique. Elle y explique, chiffres à l’appui, les cinq anneaux de la candidature italienne: opportunité, mobilité, sports, environnement et transparence. Une minute et une vingtaine de secondes pour assurer que les Jeux en 2024 pourraient créer au moins 177.000 emplois, générer 2,9 milliards d’euros pour l’économie italienne, le tout en suivant les résolutions peu dispendieuses de l’Agenda 2020 du CIO. Virginia Raggi devrait apprécier.