Pour le président de la Fédération Internationale (IFSC), l’Italien Marco Scolaris, l’escalade possède des chances réelles d’intégrer le programme olympique aux Jeux de 2020. A condition, toutefois, que le CIO privilégie la jeunesse et la nouveauté aux retombées commerciales et médiatiques immédiates. Interview.
FrancsJeux : Quel est le calendrier de la candidature de l’escalade, et des six autres sports retenus par le CIO (1), au cours des prochains mois ?
Marco Scolaris : La première date est très proche. Et elle sera peut-être décisive. Dès la semaine prochaine, les 12 et 13 février, la commission exécutive du CIO doit décider si l’un des sports actuellement au programme olympique en sortira aux Jeux de 2020. Et, bien sûr, choisir le sport exclu. Dans l’hypothèse ou ses membres prendraient la décision de conserver les 26 sports tels qu’ils figurent aujourd’hui au programme, le processus de candidature de l’escalade et des six autres disciplines se terminerait là. Dans le cas contraire, nous serons invités à une présentation, devant la commission exécutive du CIO, le 5 mai prochain à Saint-Pétersbourg. Immédiatement après, le sport retenu serait choisi. Il restera alors à l’Assemblée Générale du CIO de valider ce choix, en septembre 2013 à Buenos Aires.
Aujourd’hui, quelle est la tendance ?
J’entends des bruits, comme tout le monde, mais rien ne filtre. Il se dit que le taekwondo et le pentathlon moderne seraient les plus menacés. Mais, encore une fois, ce ne sont que des bruits. Nous ne nous en occupons pas.
Parmi les sept sports candidats, où vous situez-vous ?
C’est très difficile à dire. Tous ces sports possèdent leurs arguments, tous possèdent leurs chances. Nous nous retrouvons en situation de rivalité, alors que nous nous connaissons bien et nous respectons mutuellement. Ce n’est pas évident. Le karaté semble un candidat très solide, avec 200 fédérations nationales, 50 millions de pratiquants dans le monde et plus de 1000 participants aux derniers championnats du monde à Paris. Nous ne pouvons pas en dire autant, mais nous représentons la jeunesse et la nouveauté.
Quels sont les atouts de l’escalade pour convaincre le CIO de vous intégrer au programme des Jeux de 2020 ?
Nous mettons en avant deux atouts : la jeunesse et la verticalité. A l’image de notre fédération internationale, née en janvier 2007, l’escalade attire un public jeune. Chez les pratiquants comme parmi le public. Mais il touche aussi les plus anciens. Dans ma salle, certains de mes amis avouent 60 à 65 ans, mais ils s’entraînent presque tous les jours. Quant à la verticalité, un mouvement universel qui appartient depuis toujours à l’humanité, elle n’existe pas encore aux Jeux Olympiques.
Quel impact aurait sur votre sport un label olympique ?
Il contribuerait à nous rendre encore plus universel. Nous comptons aujourd’hui 80 pays membres de l’IFSC. Nous sommes forts en Europe, en Asie, en Amérique et dans les deux grands pays d’Océanie, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. En Afrique, nettement moins. Nous recevons des demandes du Kenya, du Congo ou d’Algérie, notamment, pour installer des équipements. Mais, sans l’appui et la collaboration des comités nationaux olympiques, il est difficile d’y répondre avec efficacité. En intégrant les Jeux, l’escalade pourrait devenir un véritable outil social.
Vous êtes optimiste ?
Oui. Nous possédons un réel potentiel. Mais tout va dépendre de la volonté politique du CIO. Si ses membres veulent faire le choix de la jeunesse et de la nouveauté, nous avons nos chances. Et je crois assez à cette option car les deux sports intégrés au programme des Jeux de 2016, le golf et le rugby, ne s’inscrivent pas dans cette volonté. Mais, à l’inverse, si le CIO cherche des retombées commerciales et médiatiques immédiates, alors nous ne serons pas choisis.
(1) En plus de l’escalade, les six sports retenus par le CIO comme candidats aux Jeux d’été de 2020 sont le karaté, le wushu, le wakeboard, le baseball/softball, le squash et le roller en ligne.