Le « sommet » olympique aurait-il accouché d’une souris? Thomas Bach, le président du CIO, avait convoqué sa garde rapprochée, ce mardi 21 juin à Lausanne. Une réunion de la plus haute importance, quatre jours seulement après la décision de l’IAAF de maintenir la suspension de l’athlétisme russe. Le monde entier attendait une décision, dans un sens ou dans l’autre. Le monde entier attend toujours.
En bout de table, dans la salle de réunion brièvement ouverte aux médias le temps d’une poignée d’images, Thomas Bach. De part et d’autre, une petite vingtaine de dirigeants du mouvement sportif international. Les plus influents. Le premier cercle. Les quatre vice-présidents de l’instance olympique, une poignée de membres de la commission exécutive (dont Claudia Bokel, CK Wu et René Fasel), trois représentants des fédérations internationales (Lydia Nsekera pour la FIFA, Bruno Grandi pour la FIG et Seb Coe pour l’IAAF), Gian Franco Kasper et Francesco Ricci Bitti, plus trois présidents de comités olympiques nationaux, les plus puissants du mouvement (Liu Peng pour la Chine, Aleksander Zhukov pour la Russie, Larry Probst pour les Etats-Unis).
Peu après l’heure du déjeuner, tout ce petit monde a quitté la pièce. Thomas Bach a fait face à la presse. Le bilan? Mi-figue mi-raisin.
Certes, le président du CIO a annoncé sans nuance que la Russie et le Kenya étaient placés sous étroite surveillance. A moins de 50 jours des Jeux de Rio, l’organisation olympique émet des « doutes sérieux sur la présomption d’innocence » de leurs athlètes. Mais cela, on le savait.
Conséquence: une forme d’examen de passage imposé aux athlètes de ces deux pays avant de récupérer leur accréditation pour les Jeux. « Ils devront être déclarés éligibles par leurs fédérations internationales respectives, après une évaluation individuelle », a précisé Thomas Bach. Une mesure qui aurait été prise à l’unanimité par la vingtaine de présents au sommet olympique de Lausanne.
Nul besoin de savoir lire entre les lignes pour décrypter la formule du président du CIO. En évoquant les « fédérations internationales respectives », au pluriel, sans les citer mais en sous-entendant que plusieurs sont concernées, Thomas Bach laisse entendre que l’athlétisme n’est plus seul. En Russie, ils doivent être quelques-uns, depuis ce mardi après-midi, à se demander ce que l’avenir pourrait bien leur réserver.
Le CIO n’entend plus se borner à considérer comme propre et imberbe tout athlète n’ayant jamais été contrôlé positif. « Chaque fédération internationale doit prendre une décision sur l’éligibilité de ces athlètes, a insisté Thomas Bach. L’absence de contrôle antidopage positif réalisé dans le pays concerné ne doit pas être considérée comme suffisante. Les fédérations internationales devront prendre en compte d’autres tests, supervisés et approuvés par les autorités internationales ». En tête de liste, l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Reste un question, la principale: le CIO autorisera-t-il certains athlètes russes à prendre part aux Jeux de Rio? La réponse a été apportée à l’issue du sommet olympique. Elle est positive. Mais, surprise, pas question pour Thomas Bach et ses pairs de voir les quelques élus défiler et concourir sous un drapeau et des couleurs olympiques. Les athlètes russes qui seraient repêchés par l’IAAF, après avoir démontré leur parfaite innocence, participeront aux Jeux de Rio « sous drapeau russe ». La bannière olympique sera réservée à l’équipe des réfugiés. On ne mélange pas tout, dans l’univers des Jeux. « Ils concourront sous les couleurs russes, car seuls les membres affiliés au comité national olympique peuvent participer aux JO. Or, le comité national olympique russe n’est pas suspendu », a patiemment expliqué Thomas Bach.
L’honneur est sauf. Et le pire évité. Aleksander Zhukov, le président du comité olympique russe (et membre du CIO), l’a annoncé depuis Lausanne à l’agence Tass: « Nous ne boycotterons pas les Jeux de Rio ». Ouf. Mais ses avocats se préparent activement à poursuivre l’IAAF.