Deuxième volet de notre tour d’horizon des villes candidates aux Jeux d’été de 2020. Après Istanbul, et avant Tokyo, au tour de Madrid de passer au microscope de FrancsJeux. Ses forces et ses faiblesses, ses atouts et ses handicaps.
Economie – Le plus sérieux handicap de la candidature madrilène. Dirigeants sportifs et politiques espagnols ont beau répéter que les Jeux de 2020 auraient un effet très positif, voire salvateur, sur l’économie du pays, les indicateurs incitent peu à l’optimisme. En début d’année, les chiffres du chômage ont atteint un nouveau record, avec plus de 26% de la population active, et un taux de 55% chez les jeunes. L’inflation approche les 4%. Et le déficit public se creuse. En pleine récession, l’Espagne aura du mal à convaincre les votants de sa capacité à supporter le coût de la préparation, puis de l’organisation, de Jeux Olympiques et Paralympiques.
Leaders – Sans surprise, la candidature de Madrid est portée par Alejandro Blanco, le président du Comité national olympique. Mais elle peut également compter sur le soutien actif, et très influent, de quatre personnages clés : Ana Botella, maire de Madrid, Juan Antonio Samaranch Jr, membre du CIO, Marisol Casado, président de la Fédération internationale de triathlon (ITU) et José Perurena Lopez, président de la Fédération internationale de canoë (ICF), les deux derniers nommés étant également membres du CIO. Dernière figure, non la moindre : le Prince Felipe de Bourbon, désigné président d’honneur de la candidature en janvier 2012.
Symbolique – Elle reste floue. L’Espagne a organisé les Jeux d’été à Barcelone en 1992. Un évènement qui, aux dires des dirigeants sportifs ibériques, a contribué par son succès et son retentissement à faire basculer l’olympisme vers le 21ème siècle. Pour le reste, on retiendra la date anniversaire des 100 ans du comité olympique espagnol, célébrés l’an passé. Et, bien sûr, l’éclatante santé du sport espagnol, notamment en football, tennis et handball.
Soutien – Contre toute attente, le public espagnol soutient à fond la candidature madrilène. La crise économique et les mesures d’austérité n’empêchent pas plus de 80% des Madrilènes (chiffres automne 2011) de se déclarer favorables à cette candidature. Un résultat qui se révèle à peine moins élevé (79%) dans la population nationale, preuve que le dossier Madrid 2020 est parvenu à estomper les traditionnels clivages régionaux.
Passé – L’Espagne a accueilli à Barcelone les Jeux de 1992. Une première pour le pays. Depuis, Madrid s’est portée candidate à l’organisation des Jeux de 2012 (devancée par Londres et Paris), puis encore à ceux de 2016, où elle a été battue par Rio au dernier tour de scrutin.
Alternance géographique – A la différence d’Istanbul, posée à cheval sur deux continents, Madrid ne peut se démarquer d’un positionnement résolument européen. Une particularité qui ne joue pas forcément en sa faveur, huit ans après les Jeux de Londres et six ans après ceux d’hiver de Sotchi. Difficile, également, d’imaginer un vote en faveur de l’Espagne des membres du CIO issus de pays européens envisageant, plus ou moins officiellement, une candidature pour les Jeux de 2024 : France, Italie, Allemagne, Russie, Ukraine, Azerbaïdjan.
Faiblesses – En un mot, l’argent. La crise économique plombe la candidature de Madrid, comme elle a renvoyé dans le caniveau celle de Rome 2020. Pour preuve la menace, aujourd’hui levée, de l’UCI de retirer à la ville de Ponferrada, dans la province de Leon, l’organisation des championnats du monde de cyclisme sur route 2014, faute de pouvoir présenter des garanties financières acceptables.
L’avis de FrancsJeux – Pour avoir été très proche de l’emporter dans la course aux Jeux de 2012, puis une deuxième fois à ceux de 2016, Madrid semblait un candidat de poids, surtout dans une lutte à trois. Mais la crise économique a sérieusement plombé son dossier. A un peu plus de sept mois du vote, la candidature espagnole peine à convaincre. Pire : elle inquiète. Mais il serait prématuré d’enterrer le dossier espagnol. Deux arguments plaident en sa faveur : l’influence réelle des dirigeants espagnols dans le mouvement sportif (« L’héritage Samaranch »), et la possibilité qu’une majorité se dégage, au sein du CIO, pour donner les Jeux à l’Espagne dans l’espoir de l’aider à sortir de son marasme.