Bel hommage du calendrier. Le premier match du tournoi olympique de rugby à 7, samedi 6 août à Rio de Janeiro, à 11 heures tapantes, a opposé l’équipe de France féminine à l’Espagne. Les Bleues l’ont emporté, avec autorité, sur le score de 24 points à 7. Une rencontre historique, rien de moins, la première du rugby dans un décor olympique depuis les Jeux de Paris en 1924. Bernard Lapasset a dû apprécier. Le dirigeant français ne préside plus World Rugby depuis le printemps dernier. Il a cédé sa place à l’Anglais Bill Beaumont, pour se consacrer pleinement à la candidature de Paris aux Jeux de 2024. Mais la discipline lui doit son retour dans le programme des Jeux.
Bill Beaumont et son vice-président, l’Argentin Agustin Pichot, n’en font pas mystère: l’entrée du rugby à 7 aux Jeux de Rio peut constituer une étape décisive dans l’histoire de leur sport et de sa fédération internationale. A en croire le Britannique, l’effet olympique se fait déjà sentir. « Sur le plan mondial, les effectifs ont doublé, a-t-il expliqué à Rio de Janeiro à quelques heures de l’ouverture des Jeux. Nous en sommes aujourd’hui à 7,73 millions de joueurs sur la planète. La participation féminine est passée de 10 à 30% du nombre de joueurs dans le monde. Il y aura un avant et un après Rio 2016, notamment pour le rugby féminin. »
Même son de cloche chez Agustin Pichot, l’ancien capitaine des Pumas argentins, dont la voix et les propos masquent mal l’émotion. « J’aurais rêvé de participer aux Jeux olympiques, avoue-t-il. Nous avons aujourd’hui une grande responsabilité pour le développement de notre sport dans la région. L’Amérique latine reste le plus petit marché du rugby dans le monde. Mais les Jeux de Rio peuvent changer la donne. Nus avons beaucoup travaillé avec les fédérations colombienne et brésilienne pour le développement de la pratique. En Argentine, le potentiel est considérable. » Bill Beaumont se projette déjà dans l’avenir: « Nous voulons revenir au Brésil dans dix ans et nous dire que Rio 2016 a été l’événement décisif pour développer notre sport dans ce pays. »
Aux Jeux de Rio, le tournoi masculin manque cruellement de grands noms. A l’exception de Sonny Bill Williams, le centre néo-zélandais, les vedettes du rugby à 15 ne sont pas présentes au Brésil. Gênant? « Je ne crois pas, suggère Bill Beaumont. Les stars émergeront d’elles-mêmes pendant le tournoi olympique. Et puis, plusieurs grandes nations ont procédé à des essais pour intégrer éventuellement des quinzistes. Mais ils n’ont pas été retenus. Comme vous le savez, beaucoup de joueurs du XV n’ont tout simplement pas le gabarit pour réussir dans le 7. »
Intégré dans le programme olympique lors de la session du CIO en octobre 2009, le rugby a assuré sa place aux Jeux jusqu’à Tokyo en 2020. Après ? « Nous verrons, répond Brett Gosper, le directeur exécutif de World Rugby (ex IRB). Le CIO a déterminé un certain nombre de critères pour évaluer les sports aux Jeux, notamment la vente des billets, les audiences à la télévision, les réseaux sociaux, le nombre de visiteurs sur les sites internet… Nous avons bon espoir d’obtenir des bons résultats dans cette évaluation. » A la veille de l’ouverture, environ deux tiers des places avaient été vendues pour les deux tournois olympiques, féminin et masculin. « Un résultat plutôt supérieur à la moyenne des sports du programme », précise Brett Gosper.