Une pétition circule depuis quelques jours sur Internet et dans Rio de Janeiro. Elle émane d’une organisation humanitaire, une ONG nommée The Refugee Nation. Le document appelle à faire pression sur le CIO pour qu’il autorise l’équipe des réfugiés à porter un drapeau distinctif sur les compétitions olympiques. La pétition a déjà recueilli plusieurs milliers de signatures.
Dans le même temps, The Refugee Nation a distribué plusieurs centaines de ses drapeaux dans la ville brésilienne. Un rectangle de tissu de couleur orange, barré dans sa largeur d’une épaisse bande noire. Selon l’organisation, le drapeau a été dessiné en s’inspirant des gilets de sauvetage portés par les milliers de réfugiés en quête d’une terre d’accueil.
Soyons clair: la démarche n’a pas la moindre chance d’aboutir. Le CIO n’a pas ménagé ses efforts, et plus encore ses moyens, pour constituer une équipe de 10 réfugiés, 5 hommes et autant de femmes, pour les Jeux de Rio. Thomas Bach en a fait une affaire quasi personnelle. Une délégation d’entraîneurs, médecins, techniciens et attachée de presse a été formée pour les encadrer dans leur aventure olympique. On imagine mal le CIO laisser ses réfugiés défiler derrière un autre drapeau que celui du mouvement olympique.
Il n’empêche, l’initiative ne manque pas d’intérêt. « Nous avons eu envie de faire plus, expliquent Artur Lipori et Caro Rebello, les deux fondateurs de The Refugee Nation. Nous aimerions que les athlètes réfugiés puissent gagner une identité spécifique, quelque chose d’international. Ils seront de plus en plus nombreux dans les compétitions sportives. » L’organisation n’a pas seulement demandé à une poignée d’artistes d’imaginer un drapeau. Elle souhaite également créer un hymne pour l’équipe olympique.
Aux Jeux de Rio, les réfugiés n’ont pas seulement gagné un drapeau. Ils se sont découverts un public. Vendredi matin, au stade olympique, Yiech Pur Biel, l’un des 10 membres de l’équipe des réfugiés, a disputé sa série du 800 m. Sur son dossard, trois lettres: ROT. La contraction choisie pour le CIO pour la « Refugee Olympic Team ».
Le jeune athlète de 21 ans, originaire du Soudan du Sud mais exilé dans un camp au Kenya, a bouclé les deux tours de piste en 1’54 »67, loin de la tête de la course. Un record personnel, mais la 7ème place de la série. Le public lui a réservé une ovation.
Son parcours s’arrête là. Son aventure continue. A sa sortie de la piste, il a expliqué que cette expérience lui avait « donné de l’espoir », comme elle en avait sans doute donné aux millions de réfugiés dans le monde. Yiech Pur Biel a également raconté que les Jeux avaient été pour lui l’occasion de monter pour la première fois dans un avion… et dans un ascenseur. Le coureur africain a avoué avoir passé le plus clair de sa vie dans un camp, avec sa mère. « Les Jeux, je n’en connaissais même pas l’existence », a-t-il raconté aux médias.