L’information peut surprendre. Yelena Isinbayeva, la recordwoman du monde du saut à la perche, exclue des Jeux de Rio avec toute l’équipe russe d’athlétisme par l’IAAF après les révélations d’un dopage d’état dans son pays, fera très bientôt son entrée au CIO. Elle a été élue par ses pairs, les olympiens, pour siéger à la commission des athlètes pour un mandat de huit ans. L’élection s’est tenue pendant les Jeux de Rio, au village olympique de Barra. Ses résultats ont été annoncés par le CIO jeudi 18 août.
Quatre places étaient en jeu à la commission des athlètes. Vingt-trois olympiens avaient fait acte de candidature. A l’issue du décompte, l’escrimeuse allemande Britta Heidemann a obtenu le plus grande nombre de voix (1603), devant le pongiste sud-coréen Seug-Min Ruy (1544), le nageur hongrois Daniel Gyurta (1469), et Yelena Isinbayeva (1365).
Le vote était possible durant 25 jours, du 24 juillet au 17 août, dans l’espace CIO au village olympique à Rio de Janeiro. Au total, 5 185 athlètes ont voté sur les 11.245 présents aux Jeux de Rio, soit un taux de participation de 46%. En dessous de la moyenne. Pour les résultats complets du scrutin, cliquez ici.
Les quatre nouveaux membres remplaceront les sortants: l’Allemande Claudia Bokel, le Sud-Coréen Dae Sung Moon, le Russe Alexander Popov et la Cubaine Yumilka Ruiz Luaces, élus à la commission des athlètes lors des Jeux de 2008 à Pékin, pour un mandat de huit ans. Hasard ou pas, trois des quatre pays des sortants, Allemagne, Corée du Sud et Russie, garderont leur place à la commission.
Le 21 août, Britta Heidemann, Seug-min Ryu, Daniel Gyurta et Yelena Isinbayeva seront proposés à la session du CIO pour devenir membres. Si leur élection est ratifiée, ils seront officiellement présentés le soir même à la cérémonie de clôture des Jeux de Rio 2016.
Au rayon des battus, une surprise: le Japonais Koji Murofushi. Actuel directeur des sports des Jeux de Tokyo 2020, l’ex lanceur de marteau s’était déjà présenté lors des Jeux de Londres en 2012. Il avait été élu par ses pairs, avant d’être pénalisé par le CIO, et finalement exclu de la commission. Il lui avait été reproché d’avoir mené campagne au village pendant les Jeux, chose interdite par le règlement très strict de l’élection. Le Japonais a obtenu 1070 voix.
Benjamin Boukpeti, le kayakiste togolais, l’un des deux seuls candidats africains, n’est pas passé loin d’entrer au CIO, puisqu’il a recueilli 1220 suffrages. En revanche, l’ancien pongiste belge Jean-Michel Saive, très impliqué dans le mouvement sportif, membre de la commission des athlètes de l’Association des comités olympiques européens (EOC), n’a pas pu obtenir plus de 549 voix.
Parmi ces résultats, le plus significatif concerne l’élection de la Russe Yelena Isinbayeva. Très active dans le débat sur l’exclusion de son pays des Jeux de Rio, elle avait annoncé avant le début de l’événement olympique qu’elle entendait contester la décision de l’IAAF devant la Cour européenne des droits de l’homme. La perchiste a toujours défendu le droit des athlètes russes propres de participer aux Jeux. Elle n’a jamais été citée dans une affaire de dopage. Dimanche 21 août, Yelena Isinbayeva deviendra le troisième membre russe du CIO, après Alexander Zhukov et Shamil Tarpischev.
A noter, enfin, que l’élection du nageur Daniel Gyurta offre à la Hongrie un deuxième siège au CIO. L’athlète rejoint Pal Schmitt, l’ancien président de la République de Hongrie. Une double présence au sein de l’institution olympique qui n’est pas sans importance dans la course aux Jeux d’été en 2024.