La Russie a perdu. Encore une fois. Ecartée en partie des Jeux olympiques de Rio, elle ne verra pas du tout la version paralympique, prévue du 7 au 18 septembre 2016. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a annoncé, mardi 23 août, sa décision de rejeter l’appel du Comité paralympique russe contre son exclusion des Jeux. En cause, le dopage.
L’audience du TAS s’est déroulée lundi 22 août à Rio de Janeiro. Les juges du tribunal ont précisé, dans un communiqué publié le lendemain, que le Comité international paralympique (CIP) n’avait « violé aucune règle de procédure » en procédant deux semaines plus tôt à l’exclusion de l’équipe russe dans son intégralité. Ils ont jugé sur la forme. Imparable. « La décision d’interdire l’équipe russe a été faite conformément aux règles du CIP et était proportionnelle aux circonstances », a tranché le TAS.
A la différence du CIO, l’IPC avait souhaité prendre les grands moyens. Philip Craven, le président de l’organisation paralympique, avait annoncé pendant les Jeux de Rio que la Russie n’était plus la bienvenue au Brésil. Il avait pointé, pour justifier la décision de l’IPC, l’existence d’échantillons suspects concernant 44 sportifs paralympiques russes aux Jeux d’hiver de Sotchi en 2014. A ses yeux, la Russie avait démontré son « incapacité à respecter ses obligations vis-à-vis du Code mondial antidopage. » Elle devait être sanctionnée. Au risque de priver ses athlètes propres d’un événement préparé et attendu depuis quatre ans.
Après la décision du TAS, mardi 23 août, Philip Craven n’a pas fait mystère de sa satisfaction. « La décision prise aujourd’hui renforce notre conviction dans le fait que le dopage n’a absolument pas sa place dans le sport paralympique, a expliqué le Britannique dans un communiqué. Nous exprimons notre sympathie aux athlètes russes qui manqueront les Jeux paralympiques. C’est un triste jour pour le mouvement paralympique mais aussi, nous l’espérons, un nouveau départ. Nous espérons que cette décision servira de catalyseur pour un changement en Russie. »
Les Russes s’y attendaient. Mais ils ont malgré tout contesté la sanction de l’IPC et la position du TAS. « Je trouve que cette décision est très cruelle et sans base réelle, déclaré à l’AFP Dmitry Svishchev, le chef du comité des sports au Parlement russe. Vous pouvez punir n’importe qui, ministres, officiels du sport, médecins, entraîneurs, mais les athlètes paralympiques ne devraient pas être sanctionnés, ils ne méritent pas ça. »
Réaction également de l’ex perchiste Yelena Isinbayeva, privée des Jeux de Rio pour les mêmes raisons, sur son compte Instagram. « Chers athlètes paralympiques, nous partageons cette injustice flagrante avec vous, soyez forts! Vous avez été, êtes et serez nos héros! », a suggéré Yelena Isinbayeva. Un message adressé aux athlètes russes, mais curieusement dépourvu des attaques envers les institutions dont la recordwoman du monde du saut à la perche s’était pourtant fait une spécialité. Un changement de ton derrière lequel il est facile de deviner les effets de son nouveau statut de membre du CIO.
Un appel du Comité paralympique russe auprès de la Cour fédérale de Suisse est toujours possible bien que peu probable avant l’ouverture des jeux, a analysé Alexei Karpenko, un avocat représentant les athlètes russes, lors d’une intervention télévisée. La Cour suprême suisse pourrait intervenir s’il y a eu vice de procédures, mais elle n’aurait pas autorité à se pencher sur les mérites de la preuve.