Une page se tourne pour le football européen. Michel Platini, l’ancien numéro 10 des Bleus et de la Juventus de Turin, l’un des plus grands joueurs de sa génération, cède sa place à la présidence de l’UEFA à un Slovène jusque-là inconnu hors de ses frontières. Un avocat de moins de 50 ans. Le changement est radical.
Aleksander Ceferin, 48 ans, a été élu mercredi 14 septembre à Athènes nouveau président de l’UEFA. Sur le papier, le Slovène possédait une chance sur deux de l’emporter, l’élection ayant été réduite à deux candidats. Non sans surprise, il a balayé la maigre concurrence, recueillant 42 voix contre seulement 13 à son seul rival, le Néerlandais Michael van Praag, pourtant présenté comme un dinosaure des institutions du football international.
La preuve, sans doute, que les votants souhaitent un bol d’air frais après une période souvent très étouffante. Précision: le nouveau boss du football européen devra faire vite s’il veut imprimer sa marque, Aleksander Ceferin ayant été élu pour un mandat de deux ans et demi, le court laps de temps qui restait à Michel Platini sur le siège présidentiel.
Qui est Aleksander Ceferin? Un avocat pénaliste de 48 ans, père de 3 enfants, président de la Fédération slovène de football depuis 2011. Après avoir étudié le droit à Ljubljana, il a rejoint la cabinet familial, dont il a pris la direction en 1993. La firme en question marche très bien. Elle serait même devenue la première de Slovénie. Le nouveau patron de l’UEFA, par ailleurs ceinture noire de karaté, ne semble donc pas motivé par l’argent. Un bon point à son actif.
Pourquoi lui? Aleksander Ceferin a profité d’un contexte très favorable. Son plus sérieux rival, l’Espagnol Angel Maria Villar, ancien milieu de terrain de Bilbao, a jeté l’éponge avant même la dernière ligne droite. Il n’aurait pas obtenu, dit-on, les soutiens des grandes nations du football européen. Il restait donc au Slovène à écarter un seul autre dirigeant, Michael van Praag, 68 ans, la président de la Fédération néerlandaise. On a vu pire.
Aleksander Ceferin est entré en campagne au début du mois de juin. Il a rapidement eu le soutien des fédérations scandinaves. Puis il a creusé son sillon, s’attirant les faveurs de certains des gros bras de l’UEFA, dont la Russie, la France, l’Allemagne et l’Italie.
A en croire la presse norvégienne, le nouveau boss serait un proche de Gianni Infantino, le président de la FIFA. Le Suisse aurait même oeuvré en coulisses pour favoriser l’élection de son poulain. Le magazine Josimar a révélé dans une enquête parue en début de mois les liens étroits qui unissent les deux hommes. Un document où on apprend que Gianni Infantino a missionné son directeur de la stratégie, le Norvégien Kjetil Siem, pour rallier les voix des pays scandinaves.
Que va-t-il faire? Difficile à dire. Malin, le Slovène n’a rien promis de très révolutionnaire, mais il s’est volontiers placé en successeur des idées de Michel Platini. Il veut limiter le nombre des mandats, régler le différent entre l’UEFA et la FIFA, réfléchir à la réforme de la Ligue des Champions. Surtout, le Slovène se position en défenseur des petites nations du football, souvent oubliées. « Ma famille est très fière de moi, mon petit et beau pays la Slovénie est très fier de moi. J’espère qu’un jour vous serez fiers de moi », a lâché Aleksander Ceferin dans un immense sourire au moment de prononcer ses premiers mots présidentiels.