Thomas Bach le savait déjà. Mais son voyage en Asie, la semaine passée, l’en a encore convaincu: l’avenir du mouvement olympique se vivra en Asie. Au moins dans les prochaines années. A PyeongChang, ville-hôte des prochains Jeux d’hiver, le président du CIO s’est offert un rapide tour des futures installations olympiques. Rapide mais rassurant. Tout avance à bon rythme. Les Jeux seront prêts à temps.
En Corée du Sud, Thomas Bach a également pu constater de visu que le continent asiatique avait l’intention d’avancer désormais groupé, au moins sur les questions olympiques. Pour preuve la « déclaration de PyeongChang » signée d’une main ferme et alerte par les ministres des Sports de Corée du Sud, de Chine et du Japon. Un texte inédit dans l’histoire des Jeux, présenté par ses signataires comme la démonstration écrite d’une volonté de coopération « orientée vers le futur ».
Cho Yoon-sun, la ministre sud-coréenne des Sports, avait invité à PyeongChang ses deux homologues asiatiques, le Chinois Liu Peng et le Japonais Hirokazu Matsuno. Une réunion dite « inaugurale ». La prochaine se tiendra à Tokyo en 2018. La suivante, en toute logique, sera organisée deux ans plus tard à Pékin.
A l’issue de cette réunion de deux jours, Cho Yoon-sun a annoncé la naissance de la « déclaration de PyeongChang » sur le renforcement de la coopération trilatérale dans le domaine du sport. Les trois pays se préparent à organiser les trois prochains Jeux, à PyeongChang en 2018, Tokyo en 2020, Pékin en 2022. Dans cette optique, les ministres se sont mis d’accord pour « partager leur savoir-faire et déployer des efforts conjoints pour promouvoir ces événements. »
Ils se sont également engagés à lutter ensemble contre le dopage, pour « protéger les athlètes et promouvoir l’esprit de fair-play à travers le monde. » Enfin, ils ont fait part de leur volonté de faire du secteur sportif une « force durable » dans le développement de l’ensemble du continent asiatique. Difficile de faire plus Agenda 2020. Thomas Bach a dû apprécier.
Etape suivante pour le président du CIO: Danang, au Vietnam. Ambiance moins hivernale, atmosphère plus humide, mais même constat: l’Asie prépare l’avenir. Et elle le fait en soignant les détails. Le président du CIO était l’invité vedette de l’assemblée générale annuelle de l’Association des comités olympiques asiatiques (OCA), la plus puissante des organisations continentales, présidée avec charisme et énergie par Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah.
A l’heure où les comités olympiques européens avancent sans capitaine, leur président Patrick Hickey étant assigné à résidence au Brésil dans l’attente d’un procès pour trafic de billets, l’Asie tend les bras au reste du monde. Sheikh Ahmad l’a annoncé à la tribune pendant l’assemblée générale: le Conseil de l’OCA a accepté une proposition de John Coates, le président du comité olympique australien, d’autoriser les athlètes océaniens à participer à partir de l’an prochain à Sapporo, au Japon, aux Jeux Asiatiques d’hiver.
John Coates avait suggéré cette idée en expliquant que leur participation pourrait renforcer leurs chances de progresser dans les disciplines hivernales. Les Asiatiques auraient pu grimacer à la perspective de voir émerger une concurrence plus sérieuse. « Mais nous sommes pour », a tranché Sheikh Ahmad, en précisant toutefois que les Océaniens seraient seulement considérés comme des « invités » dans la compétition. Ils ne pourront pas monter sur le podium.
Au cours de la même assemblée générale, l’Asie a accepté d’intégrer au programme des Jeux Asiatiques d’été en 2018, en Indonésie, quatre des cinq nouveaux sports approuvés par le session du CIO pour débuter aux Jeux de Tokyo 2020: baseball/softball, karaté, skateboard et escalade. Le surf restera à la porte. « Pour des raisons purement géographiques », a précisé l’OCA. Encore une fois, très Agenda 2020.
« Le mouvement olympique sait qu’il peut compter sur l’Asie et sur sa contribution aux efforts que nous consentons actuellement sur l’ensemble de la planète », a suggéré Thomas Bach à la tribune, en s’adressant aux représentants de l’OCA. Sur ce terrain là, au moins, le ciel se révèle sans nuage.